1,2,3 DATA, Les données comme matériau de création

1,2,3 DATA
Les données comme matériau de création

Avec un tel titre, 1,2,3 DATA, on se demande de quoi il s’agit. Des ordinateurs ? des panneaux d’explications ardues ?

Rien de tel mais une exposition pointue et ludique tout à la fois.

Dès l’entrée, une sculpture mouvante « TelePresent Water » de David Bowen : une résille métallique suspendue traduit les oscillations d’une micro parcelle du Pacifique, en fonction de données récupérées en temps réel par une bouée. En fonction de l’activité des vagues, l’installation se meut au diapason. Bluffant et poétique.

« Faire sortir le data design de la confidentialité » :

Le data design ne vient pas de naître, il s’est développé depuis une vingtaine d’années, dynamisé par les demandes des médias, par le développement des outils numériques de toutes sortes. Le temps était venu de rendre accessibles ces pratiques innovantes, audacieuses et encore trop confidentielles, comme le précise David Bihanic, Commissaire de l’exposition : « les acteurs sont aujourd’hui nombreux et variés (agences, studios, designers intégrés, etc.), leurs productions s’avancent foisonnantes… Il devenait urgent d’en permettre une visibilité grand public (tout particulièrement en France) et par là même de rompre avec certains des a priori persistants touchant à la valeur et utilité des données ».

Les outils numériques les génèrent de façon exponentielle, elles foisonnent, elles déferlent, elles s’accumulent au sein de gigantesques data centers, elles sont présentes sans nous être vraiment familières, nous les produisons et les utilisons sans le savoir et nous les partageons, volontairement ou non. Le terme data englobe des données de nature très différentes : des données stockées ou des flux en temps réel, des données privées résultant d’études spécifiques, des données institutionnelles, des open data accessibles à tous et des données encodées, invisibles, illisibles. Les data designers s’en emparent, les sélectionnent de façon pointue ou en brassent d’énormes quantités et au final les remettent à leur juste place. Loin de l’image anxiogène des data – grands ordonnateurs du monde ou obscurs mécanismes de notre vie numérique – les données constituent un susbtrat qui peut produire du sens. C’est une manne aux potentialités infinies, le miroir du monde actuel et le terreau de l’intelligence artificielle pour demain…

En partant des œuvres les plus artistiques, présentées au rez-de-chaussée, pour terminer par des projets plus conceptuels, la scénographie fait cheminer le visiteur sur les deux niveaux de la Fondation. Les œuvres sont ordonnées selon un parcours fluide, en trois temps : EXHIBITORY DESIGN (EXPOSER) – EXPLANATORY DESIGN (EXPLIQUER) – EXPLORATORY DESIGN (EXPLORER), correspondant à trois types d’approches : certains designers s’emparent des données comme d’un matériau de création au sens plein, un moteur invisible générateur de formes ; d’autres prennent les données au sérieux comme source première pour une connaissance renouvelée du monde et enfin certains expérimentent les potentiels fonctionnels de nouveaux outils, traquent dans les open data les variantes culturelles du monde.

Sculptures, infographies, posters, interfaces, visualisations, installations numériques, web documentaires, dispositifs interactifs, vidéos… L’exposition donne un bel aperçu de la diversité et de la richesse des modes d’expression qui caractérisent les pratiques des data designers. Qu’apportent-ils ? La pertinence de solutions visuelles et graphiques, pour traduire, rendre attractives des données relevant de domaines très variés. Ils traquent l’abondance, la différence et le mouvement. Transformées en points, en lignes, en projections panoramiques, en animations cartographiques, en véritables sculptures… les données se donnent d’abord à voir. L’art et le design s’invitent. Le plaisir esthétique se nourrit de l’originalité et de l’inventivité des mises en forme puis l’esprit s’empare du contenu pour une autre lecture ou pour une implication interactive.

Les 40 artistes :

Kim Albrecht, Allemagne Tiziana Alocci, Grande-Bretagne Refik Anadol, États-Unis Dominikus Baur, États-Unis Samuel Bianchini, France David Bowen, États-Unis Michaela Büsse, Suisse Owen Cornec, États-Unis Peter Crnokrak, Grande-Bretagne Marian Dörk, Allemagne Nicholas Felton, États-Unis Sylvia Fredriksson, France Nicolás García Belmonte, États-Unis Daniel Goddemeyer, États-Unis Jonathan Harris, États-Unis Greg Hochmuth, États-Unis Marcin Ignac, Grande-Bretagne Ekene Ijeoma, États-Unis Susanne Jaschko, Allemagne Giorgia Lupi, États-Unis/Italie Dan Majka, États-Unis Lev Manovich, États-Unis Mauro Martino, États-Unis David McCandless, Grande-Bretagne Albertine Meunier, France Andreas Nicolas Fischer, Allemagne Cory Mollet, États-Unis Santiago Ortiz, États-Unis Michael Pecirno, Grande-Bretagne Maral Pourkazemi, Grande-Bretagne Dámaso Randulfe, Grande-Bretagne Carlo Ratti, États-Unis Herwig Scherabon, Autriche Moritz Stefaner, Allemagne Hendrik Strobelt, États-Unis Matan Stauber, Israël Jer ThorpIsraeltats-Unis Jan Willem Tulp, Allemagne Justinien Tribillon, France Juan-Pablo VelezIsraeltats-Unis Richard Vijgen, Pays-Bas Filipe Vilas-Boas, France Ben Willers, Grande-Bretagne Fan Xiang, Chine Nathan Yau, États-Unis Piero Zagami, Grande-Bretagne Shunshan Zhu, Chine le MIT Senseable City Lab, États-Unis le Smart Gastronomy Lab, Belgique le Nature Conservancy, États-Unis la fondation Share (Share Lab), Serbie Accurat, États-Unis Bestiario, Espagne Domestic Data Streamers, Espagne Dataveyes, France Ffunction, Canada Hyperakt, États-Unis Interactive Things, Suisse Periscopic Etats-Unis Pitch Interactive, États-Unis

Derrière les machines, derrière la technologie, devant les oeuvres présentées, l’homme est omniprésent, fort et fragile à la fois…. Allez vite vous immerger dans cette exposition ! et c’est en entrée libre.

Jusqu’au 6 octobre 2018

Fondation Groupe EDF
6, rue Récamier
75007 Paris
du mardi au dimanche de 12h à 19h (sauf jours fériés)

photos in situ : Véronique Grange-Spahis