Agatha Ruiz de la Prada

Agatha Ruiz de la Prada se lance à nouveau avec de l’énergie et de la malice dans un univers estival multicolore. En ressuscitant une féminité naïve des années 1940 avec quelques références aux insouciantes années 1960, l’été 2016 présente une vision rafraîchissante du style et du confort.

C’est toujours un bonheur de voir les nouvelles tenues ! La collection printemps/été ne dépare pas de ce qui fait la spécificité de la maison : la couleur est toujours au rendez-vous agrémentée d’une touche d’humour et de décontraction assumée.

Agatha Ruiz de la Prada pari à nouveau pour la commodité, bien au-delà de ses flux les plus fous, déterminée à être démocratique dans ses créations, à dessiner pour une femme moderne et réelle. Pour que cette femme soit à l’aise avec elle-même en portant ces vêtements, les pièces de la saison sont amples et adaptables. Des élastiques parés avec des cœurs servent de ceintures ajustables pour plusieurs jupes. Les pantalons sont larges et droites, et offrent une touche androgyne pleine de charisme. Les classiques sweat-shirts Agatha s‘associent aux vêtements plus élaborés pour rendre le confortable plus chic. Ces pièces, appropriés autant pour la nuit comme pour le jour, favorisent une élégance pragmatique et improvisée.

Confortable et accessible, ne signifie pas moins luxueuse, de par la qualité du matériel et la rigueur dans le travail de couture. Des colorés lins 100 % sont entrelacées avec une précision géométrique. Des soies rustiques sont habilement utilisées pour construire des silhouettes complexes. Des Jacquards personnalisés avec des cœurs et des étoiles, ou avec des curieux effets de guirlandes, apportent une touche ludique et raffiné, difficile à réussir dans un simple processus industriel.

« Nos imprimés commerciaux sont superposés sur des tissus voyants et de grande qualité. Cette saison,  » la couture est très couture  » pour les parfaites finitions et l’enrichissement des détails, tels que des poches stratégiquement cachés seulement perceptibles à l’oeil exercé. Les patronages avec un minimum de coutures sont devenus le Saint Graal de nos couturières pour cette collection ».

Les intérieurs des pièces sont si soigneusement élaborés, qu’elles peuvent devenir réversibles. Des matériaux trompe-l’œil, des tissus qui ne sont pas ce qu’ils semblent être, entrent dans un jeu de multiples combinaisons. Des faux coups de pinceau tissés en jacquard de soie, des cotons en patchwork tressés au biais en diamants diagonales et des soies filées avec des acryliques transparents évoquent un sens du comique. La couture prend une externalisation un peu hippie, en résistant la formalité et ses nuances, en optant pour la commodité et la désinvolture.

A Paris, pousser la boutique de la rue Guénégaud a le même effet qu’une journée au soleil !

Véronique Spahis