Agoramania, la ville dans tous ses états

Agoramania, la ville dans tous ses états

Au Maïf Social Club, la ville se réinvente le temps d’un trimestre avec l’exposition Agoramania, la ville dans tous ses états. A la question : «Comment envisagez-vous la ville de demain ? » neuf artistes ont répondu présents et nous livrent leur propre perspective de la cité idéale.

Avec plus de la moitié de la population mondiale concentrée dans les espaces urbains, la nécessité de repenser ces lieux de vie est devenu l’enjeu majeur de notre société. La ville du futur s’envisage comme un reflet des préoccupations actuelles : elle se doit d’allier un esprit collaboratif et écologique qui respecte les individualités, tout en se construisant avec les initiatives de chacun. La ville collaborative se nourrit donc du partage de connaissances, de ressources et s’organise autour du dialogue social. Le titre de l’exposition prend alors tout son sens.
Durant l’Antiquité grecque, « l’Agora » n’était-elle pas un lieu décisionnaire, où les citoyens débattaient sur les thématiques importantes ?
L’exposition s’organise elle aussi autour d’un espace circulaire tel que l’Agora, où les œuvres dialoguent et incitent à la réflexion à travers trois grands axes.

La Ville partagée ou l’oeuvre co-construite

Dans cette section, le public se découvre acteur du processus créatif.
Il est par exemple invité à répondre à la question de l’artiste Isabelle Bonté-Hessed : « Comment qualifieriez-vous le futur ? ». A l’aide d’un simple tweet ou sms, le spectateur vient alimenter une constellation mouvante de mots projetés sur un écran. Il expérimente alors un espace social dématérialisé, métaphore virtuelle de l’agora.
Tadashi Kawamata présente quant à lui la maquette de Collective Folie La Villette, œuvre pour laquelle amateurs, curieux et passionnés ont contribué à mettre en forme.
Sur le thème de la consommation durable et des alternatives alimentaires, l’artiste-ingénieur suédois Erik Sjödin propose un atelier culinaire collaboratif. « Je souhaite sensibiliser le plus grand nombre à la démarche éco-responsable afin de limiter notre impact sur l’environnement. Cela peut se traduire au quotidien par l’achat de produit locaux et de saison. Pour la recette de crackers de riz et d’Azolla que le public réalise avec moi, j’emploie des éléments faciles à cultiver et uniquement français. C’est comme cela que j’ai découvert que vous aviez du riz en Camargue ! »
L’artiste allie l’art et la recherche de manière inédite pour repenser nos habitudes.

Vivre ensemble ou le collectif à l’oeuvre

Au sein de la seconde partie, les artistes s’interrogent sur le collectif et la communauté. A travers des événements majeurs, les citoyens se sont mobilisés pour défendre leurs valeurs. L’action des communautés rythme la ville et façonne un avenir, l’avenir qui ressemble aux individus.
Ainsi, Bertille Bak nous donne à voir l’émancipation d’une communauté thaïlandaise par l’éducation. L’installation de Lucy + Jorge Orta matérialise les concerts de casseroles, mouvements de protestation observés en Amérique Latine. Le public est invité à ébranler l’œuvre pour reproduire la partition de l’activisme collectif. C’est la démonstration même du pouvoir d’expression que détient chaque citoyen.
Les arbres témoins de Thierry Boutonnier mobilisent la population dans un tout autre genre. Les citadins sont conviés à héberger dans leur foyer un arbre et à en prendre soin jusqu’à ce que celui-ci soit replanté dans Paris. Les habitants prennent alors activement part aux mutations et à la végétalisation des espaces urbains.

S’approprier la ville

En dernière partie, les artistes questionnent l’espace urbain et son appropriation par ses populations.
Le travail de Stéphane Couturier sur la cité d’Alger présente une imagerie fantasmée de l’architecture, recréant une ville en adéquation avec sa propre perception.
La machine improbable de Julien Berthier mêle ironie, burlesque et détournement. Si elle intègre les codes de l’urbanistique, elle démontre sa dépendance aux autres sans lesquels elle n’est rien.
Anna Malagrida termine en évoquant la puissance de suggestion des mains, qu’elle isole dans ses photographies. Ces mains sont ici synonymes de rencontre, de lien social et d’entraide.

Une exposition qui se veut ludique, familiale et didactique. A découvrir également, de nombreux ateliers, débats, conférences… pour petits et grands chaque samedi.

Jusqu’au 6 janvier 2018

Maïf Social Club,
37 rue de Turenne
75003 Paris
du lundi au samedi de 10 h à 20 h 30 (22 h le jeudi) – fermé les jours fériés

Lauréana Lebrun, étudiante en peinture et arts graphiques à l’IESA