Algorithme

Actuellement à l’affiche du théâtre Le Funambule à Montmartre, la pièce Algorithme s’apparente à une expérience onirique…

D’abord, il y a Max « la trentaine épanouie » rêvant d’être danseuse.

Puis, il y a cette mise en scène de Francois Bourcier, où tout se passe sur un lit qui devient une espèce de cube dont Max semble ne plus pouvoir sortir.

Et enfin, il y a ces lumières nocturnes, chorégraphiées par Romain Grenier, qui rythment la pièce du début à la fin.

Dans cette histoire écrite par Émilie Génaédig, Max discute avec Léo, une intelligence artificielle sensée l’aider à trouver une solution pour s’extirper de cette bulle ultra-connectée dont elle pense être prisonnière.

Mais l’algorithme de ce dernier semble divaguer, en invoquant une énigme comme seule réponse à son problème :

 « Une petite oie est mise dans une bouteille, alimentée et nourrie. La petite oie continue à devenir de plus en plus grande et grosse et remplit toute la bouteille. Maintenant elle est trop grosse, elle ne peut plus sortir par le col de la bouteille qui est trop étroit. Tu dois réussir à sortir l’oie sans détruire la bouteille est sans tuer l’oie. Comment faire ? »

On observe alors Max méditer sur la question, s’en agacer, désespérer puis y revenir…

La pièce est une jolie leçon sur l’enfermement numérique et sur la liberté de conscience.

Si elle soulève et se rit des travers de notre époque et notamment du développement numérique, elle nuance son propos en rappelant qu’aucune invention n’est néfaste en soi, mais que c’est l’utilisation de cette dernière qui peut l’être.

Elle figure habillement que nous sommes acteurs et non simples spectateurs de nos vies.

Le jeu de Barbara Lambert est très touchant.

L’actrice fait preuve d’une grande énergie pour assurer seule ce spectacle pour le moins physique : elle doit suivre en continu le flux des lumières et bandes sons qui sont ses uniques partenaires de jeu.

On est surpris par cette pièce dont le scénario se rapproche de l’univers de la série Black Mirror.

C’est une adaptation résolument contemporaine de l’histoire de l’oie-conscience, abordée tout en symbolique et en tonicité.

Manuella Sorin

Crédit photos : Pedro Lombardi

Jusqu’au 28 décembre 2022

Le Funambule – 53 rue des Saules, 75018 Paris

Les lundis et mercredis à 19h ou 21h (en fonction des semaines)

À partir de 10 ans

Compagnie : Les 7 Fromentins

Distribution :  De Emilie Génaédig ; Avec Barbara Lambert ; Mise en scène : François Bourcier ; Création lumières par Romain Grenier