Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo

Aventuriers des mers, de Sindbad à Marco Polo

L’aventure c’est l’aventure !

De l’aventure à la culture…

Pour entrer dans l’aventure de la culture, il n’est pas obligatoire d’avoir la culture de l’aventure mais le plaisir est plus grand quand on a déjà navigué avec Edgar Poe, Daniel Defoe, Stevenson, Melville, Conrad, Kessel,  Monfreid ou Moitessier, voyageurs-écrivains ou écrivains-voyageurs du réel ou de l’imaginaire, tous globe-trotters, tous grands coureurs d’océans, tous peu ou prou  fils spirituels D’Ibn Battûta et de Marco Polo, tous peu ou prou fils de notre mer à tous, de cette mare nostrum dont Braudel disait (à peu près) qu’elle allait de Moscou à Mexico et d’Amsterdam à Cotonou.

C’est, entre autres, ce que montre Aventuriers des mers de Sindbad à Marco Polo, l’exposition de l’IMA,  et que nous découvrons avec des yeux d’enfants émerveillés.

L’exposition nous invite à découvrir l’enfance d’une mer qui fut – la mère – d’un monde bouillonnant de créativité, d’invention et d’audace dont les marchands, les marins et bientôt les explorateurs s’appliquèrent à repousser les limites.

Les cartes, les manuscrits arabes, les instruments de navigation, tous plus beaux les uns que les autres que présente l’expo, donnent à comprendre les difficultés réelles ou fantasmées que pouvaient rencontrer ceux qui se sont risqués en mer depuis l’antiquité jusqu’au premier XVIème siècle. Dangers que nous fait partager un conteur qui nous dit le témoignage  d’Andalousi Ibn Jubayr géographe et navigateur du XIIIème siècle.

Dangers, parfois conflits mais surtout échanges de connaissances entre Orient et Occident, entre les hommes rustres ou savants très au-delà  de la belle bleue, jusqu’aux confins du monde. Verres de Murano, myrrhe, encens, curcuma, porcelaines et soies de Chine se croisent, changent de maître et  dialoguent

Le plus grand mérite de cette exposition est peut-être de montrer ce que peuvent les peuples encore assez jeunes pour rêver le monde.

Nizwa, le grand boutre d’Oman qui nous accueille sur l’esplanade de l’IMA, les maquettes de tartanes et de pirogues à balancier nous disent le formidable maillage d’avancées techniques et de connaissances d’abord empiriques puis scientifiques qu’ont su faire fructifier les marchands, les charpentiers de marine  et les capitaines de Venise,  de Raguse, de Byzance, de Tyr, de Tripoli, de Valence ou de Syracuse.

 

Tous, des premiers capitalistes vénitiens, aux plus humbles des marins d’Alexandrie ou de Césarée, ont participé de ce fructueux métissage qui allait dilater la Méditerranée jusqu’aux terres du grand Khan, en Afrique et en Indonésie parfois en tournant le dos à ses rives comme le fera Marco Polo.

Pierre Vauconsant

 

Jusqu’au 26 février 2017

Institut du Monde Arabe
1 Rue des Fossés Saint-Bernard, 75005 Paris
Du mardi au vendredi de 10h à 18h – vendredi, samedi et jours fériés de 10 h à 19 h