Camille Pissaro à Marmottan

Camille Pissaro, le premier des impressionnistes : Dans le silence de la lumière.

Il faudrait ne rien écrire, ne rien dire. Il faut laisser la magie opérer sur le visiteur, le laisser choisir son propre chemin, aller à son rythme vers la lumière de Pissaro. Ne pas déflorer. Il faut suivre le conseil d’Oscar Wilde qui disait :« Je ne lis jamais les livres qu’on me demande de commenter. Çà pourrait m’influencer. » Il faut ne pas trop armer le visiteur de commentaires pour lui laisser le plaisir de la rencontre. Il faut faire silence, inviter le visiteur au silence. Un silence qui seul peut permettre la contemplation lente d’une peinture qui se passe fort bien de commentaires et n’a nul besoin d’un trousseau de clefs.

Voir, voir de ses propres yeux sans chausser les lunettes d’un autre, regarder, contempler, embrasser du regard, écarquiller des yeux, admirer, s’attarder longuement, prendre le temps de débusquer l’inapparent, de déceler d’où vient notre ravissement devant des paysages si simples, si peu spectaculaires, devant cette peinture sans la moindre ostentation ; une route de terre où cheminent une femme et un enfant, une colline coiffée de quelques maisons, un clocher sans style particulier qui dépasse d’un verger, des quais bordés d’entrepôts et d’usines, une rangée de peupliers. Pissaro et ses amis ou condisciples ont  appris à regarder aux hommes de leur temps. Le premier des impressionnistes leur a appris à prêter attention aux paysages les plus quotidiens et à y lire une poésie sans pathos qui n’a besoin de rien d’autre que de la lumière du maître.

C’est ce que nous réapprend l’exposition Pissaro Le premier des impressionnistes au Musée Marmottan Monet.

L’humble et colossal Pissaro comme disait Cézanne nous invite à entrer dans sa lumière comme il y est entré lui-même, sans autre formation que sa propre admiration pour les hommes de Barbizon. Il nous invite à le suivre sur ses chemins sans histoires, à traverser sa lumière.

Pissaro nous convie à un moment de pur bonheur.

 

Jusqu’au 2 juillet 2017

Musée Marmottan Monet
2 rue Louis-Boilly / 75016 Paris /
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h – nocturne le jeudi jusqu’à 21 h

Pierre Vauconsant