« C’est demain que nous partons »

Lettres d’internés du Vel d’Hiv à Auschwitz

À l’occasion du 80anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, le Mémorial présente pour la première fois une grande sélection de lettres d’internés au Vel d’Hiv et des camps de Drancy et du Loiret.

Cette exposition au mémorial de la Shoah de Drancy, du 27 mars au 22 décembre 2022, présente, à travers ces lettres, le témoignage bouleversant de l’humanité derrière les noms et les nombres.

Trésors des familles qui les ont confiés au Mémorial, ces lettres reviennent, 80 ans plus tard, sur ces lieux de mémoire, pour témoigner, à travers leurs auteurs, de la Shoah en France.

À partir de la fin de l’année 1940, des dizaines de milliers de Juifs se retrouvent enfermés dans les camps d’internement de la zone libre puis dans ceux de la zone occupée. Leur seul lien avec l’extérieur est alors la correspondance qu’ils peuvent parfois faire parvenir à leurs proches. 

Cette correspondance émouvante montre toute l’étendue de l’incertitude que vivaient les internés, et leurs destins brisés.

Si certaines lettres, pleines d’espoir, tentent d’obtenir une libération auprès des autorités administratives ou par le biais de leurs proches, d’autres sont marquées par un sentiment d’adieu, à mesure que le départ pour « une destination inconnue » approche.

En effet, avec le déclenchement de la « Solution finale » en 1942 et les déportations, ce fil ténu maintenu avec l’extérieur se transforme en adieux avant la déportation. Ces lettres, lettres officielles ou mots clandestins, constituent souvent les dernières traces laissées par les victimes à la veille de leur départ, ou même parfois écrites depuis les wagons qui les emmènent « vers l’Est ».

Envoyés depuis les camps d’internement, depuis Drancy ou jetés des trains, ces billets et cartes postales sont les derniers mots des victimes de la Shoah parvenus à ceux qu’ils aimaient. 

Les lettres écrites avec les moyens du bord, et jetées avec l’espoir qu’une personne les fassent parvenir à leurs destinataires ne sont pas soumises à la censure, comme celles écrites dans les camps.

En effet, grâce à la correspondance envoyée depuis les camps d’internement, l’exposition met en avant les mots communs qui sont employés pour éviter la censure, et se procurer ainsi des vêtements et de la nourriture.  Mais dans ces lettres officielles on sent leur incapacité et l’interdiction de dire la totale vérité sur leurs conditions d’internés.

Traduits, retranscrits, les originaux et fac-similés sont étayés de photographies et d’objets liés à la correspondance. Des éléments historiques permettent de mettre en lumière l’importance de la correspondance dans la Shoah, pendant et après la guerre, et son rôle essentiel dans la transmission de la mémoire et de l’histoire du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

Olivia Bellin-Zéboulon

Du 27 mars au 22 décembre 2022

Mémorial de la Shoah de Drancy, 110-112, avenue Jean-Jaurès – 93700 Drancy
ouvert du dimanche au jeudi, de 10h à 18h. 

Navette gratuite pour Drancy et visite guidée du Mémorial, tous les dimanches à 14h, départ devant le Mémorial de la Shoah, 17 Rue Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris.

Facilités d’accès pour le public handicapé

Site web : drancy.memorialdelashoah.org