Days are dogs

Days are dogs

Pour sa troisième carte blanche, le Palais de Tokyo invite l’artiste française Camille Henrot (née à Paris en 1978, vit à New York).

Intitulée « Days are Dogs », l’exposition invite les visiteurs à s’interroger sur les rapports d’autorité, les fictions et les définitions qui régissent notre existence.

« Dog Days » désigne les jours de canicule et dérive elle-même d’une expression latine liée à l’observation céleste.

Chacune des 7 sections de l’exposition correspond à un jour de la semaine ; chacune est semblable à un monde ouvert où les conventions, les émotions et la liberté de l’individu sont confrontées les unes aux autres de manière ludique.

Les années sont mesurées par le voyage de la Terre autour du Soleil ; les mois dérivent du cycle de la Lune ; les jours correspondent à une rotation de la Terre. La semaine est, par contraste, une fiction, une invention humaine – ce qui ne diminue pas pour autant ses effets psychologiques et émotionnels. Nous en faisons l’expérience comme d’un récit cyclique, structuré par les qualités particulières des jours qui la composent.

Les jours tirent leurs noms d’éléments naturels ou de la mythologie – la Lune pour lundi, le dieu Mars pour mardi, le dieu Mercure pour mercredi… Or, c’est au sein d’une nouvelle mythologie, à la fois contemporaine et intemporelle, que le visiteur vient s’intégrer ; une mythologie à l’âge de l’Internet, qui voit les émotions marquées du hashtag de chaque jour. L’ensemble opère donc par composition et recomposition d’archipels d’oeuvres – celles de Camille Henrot, dont certaines inédites, mais aussi celles d’autres artistes internationaux, avec lesquels elle entretient un dialogue fécond, et qui viennent ouvrir le champ de chaque jour.

Lundi est le jour de la Lune : dans les mythes anciens, l’astre changeant incarne les variations fluides du monde, en même temps que celles des humeurs (d’où l’adjectif « lunatique »).

Sous le règne de Mars, dieu de la guerre, le mardi est résolument hostile, compétitif et belliqueux.

Le mercredi – jour de Mercure en français, celui du vent en anglais –, est fait de bruits et de signaux : le dieu-messager s’incarne dans la communication globale.

Jeudi est le jour de Jupiter, roi des dieux, père de bien des dieux de l’Olympe. Jupiter incarne la puissance, celle du patriarcat qui, dans les sociétés occidentales, a longtemps symbolisé le pouvoir en lui-même.

Vendredi est le jour de Vénus, déesse de l’amour, du désir et de la beauté.

Le samedi, tout est possible ; c’est du moins ce que nous espérons en ce jour placé sous le signe de Saturne – Chronos dans la mythologie grecque – dieu du temps, de la génération, de la dissolution et des cycles de la vie.

Le dimanche est le jour de la grasse matinée, du ménage, de la communion spirituelle et des rêveries solitaires. C’est un jour hors de la société, que l’on passe chez soi.

Jusqu’au 7 janvier 2018

Palais de Tokyo
13 avenue du Président Wilson
75116 Paris
De midi à minuit (sauf mardi)

photos : Olivier Freulon