Escapades en bord de Loire, 1ère étape

Escapades en bord de Loire, 1ère étape 

La Loire, vous imaginez les châteaux de Chambord, de Chenonceaux. Non, vous n’y êtes pas du tout. Ce n’est pas de cette Loire dont nous vous parlons. Nous voulons vous faire découvrir la Loire sauvage, rustique, confidentielle, celle qui longe Roanne, traverse la plaine du Forez, celle qui est bordée d’authentiques forteresses médiévales et de petits villages de caractères. Au travers d’un feuilleton de trois escapades, nous vous proposons de découvrir les méandres de ce fleuve rebelle, le plus long de France avec ces 1012 km, parcourant le département « 42 » nommé précisément « Loire », devenant le trait d’union entre l’Auvergne et le Rhône Alpes.

Les gorges de la Loire

A 15 km de St Etienne, le plan d’eau de Grangent s’étend sur 24 km. Ce lac artificiel créé en 1957 lors de la réalisation du barrage du même nom, a englouti un village et la fameuse ligne de chemin de fer, rectiligne au plus proche, dédié au transport du charbon dont nous devinons la trace avec le haut de l’un des tunnels. Pour découvrir cet espace classé réserve naturelle zone Natura 2000, une croisière en bateau au départ de la plage de Grangent est le moyen idéal pour admirer ces gorges. Afin qu’aucun bruit ne dérange la faune sauvage qui au fil des ans a repris ses droits, la propulsion de l’embarcation est électrique. Durant l’heure de promenade, une guide passionnante, nous abreuve d’Histoire, pointe le Château médiéval d’Essalois qui surplombe le lac et le hameau des Camaldules devenu propriété privée. Créé en 1580, cet ermitage s’apparente à celui des Chartreux, ordre contemplatif et solitaire. Un mythe prétend que pour être accepté dans l’ordre des Camaldules, il fallait être barbu, suffisamment pour qu’un peigne tienne droit dans les poils de la barbe. La guide poursuit en nous citant des rapaces rarissimes, comme le circaète Jean-le-blanc, le hibou grand-duc ou encore le milan royal, qui, dans ce biotope préservé, se repaissent de leur nourriture favorite : des vipères. Intarissable, elle nous raconte ces bateaux à usage unique qui remontaient le fil de la Loire jusqu’à Nantes ou à Paris en passant par le canal de Briare, qui arrivés à destination étaient transformés en bois de chauffage. Les mariniers rentraient alors à pied. Nous approchons près de l’île de Grangent sur laquelle a été érigé un château fort. A l’époque, en 800, il surplombait la Loire. Du haut de son promontoire, il voyait venir de loin les ennemis. Ce rocher était vraisemblablement un axe de défense. En contrebas, l’on aperçoit la chapelle construite au XIe siècle. Ce château a été occupé par les bénédictins. Lors des guerres de religion, il est en grande partie détruit. En 1600, il est restauré et habité par cinq ermites de l’ordre des Camaldules. La légende dit qu’ils recevaient leur nourriture par une petite ouverture qui leur permettait par ailleurs d’entendre les liturgies. Depuis le château et l’ermitage ont été acquis par une famille et sont devenus une résidence privée.

 

Le château de la Bâtie d’Urfé

Ce château se situe à St Etienne-Le-Molard, petite commune de Loire à 50 km de Roanne et St Etienne. Au départ, c’était une maison forte médiévale, mais Claude d’Urfé, ambassadeur pour le roi François 1er, s’inspire de ses voyages en Italie pour transformer cette demeure en château renaissance. Mais les successeurs ne peuvent assumer les dépenses, il est alors vendu aux enchères et échappe ainsi à sa destruction sous la révolution. Malheureusement, le dernier acquéreur ayant contracté de nombreuses dettes, doit se séparer des meubles et des œuvres d’art. Laissée à l’abandon, cette demeure continue de péricliter. En 1909, elle se soustrait de justesse à une entreprise de démolition et est rachetée par l’association historique montbrisonnaise. En 1912, elle est classée monument historique et sa restauration est amorcée.

Cela aurait été fort dommage, que ce témoignage de la renaissance disparaisse à jamais. Par de nombreux aspects, l’architecture est exceptionnelle et montre la fascination de Claude d’Urfé pour l’Italie. La visite commence par la montée de la rampe gardée par un Sphinx, copie de celui qu’il a vu à Rome. La rampe permettait d’arriver à cheval jusqu’à la galerie aux douze colonnes. Les pièces sont très belles et ont été redécorées avec soin. Le plus surprenant est la salle des fraîcheurs, appelée aussi grotte des rocailles, seul exemple de ce type en France. Il existe une salle de ce style à Florence. L’idée de Claude d’Urfé a été de construire une pièce, rafraîchissante. Pour ce faire, il a installé une fontaine et des ouvertures situées au nord. Le plafond est une mosaïque conçue avec des coquillages, des galets, du sable et des perles. Des stalactites provenant d’une réelle grotte ont été découpées puis réimplantées dans cette salle. Les 4 saisons étaient représentées par des statues, mais seule subsiste la sculpture en marbre de Bacchus. La salle des fraîcheurs était le passage obligé pour accéder à la chapelle. Longeant le château d’Urfé, un splendide jardin de parterres géométriques avec une fontaine en marbre blanc, qui est inscrit aux jardins remarquables.

 

Barbara Ates-Villaudy

En savoir plus :

http://www.smagl.com/Appr-ciez-les-gorges-de-la-Loire–article-181-0.html
http://www.croisieres-gorges-loire.fr/
https://www.visitesloireforez.com/
https://voyage.rendez-vous.tv/musee-chateau-de-la-batie-d-urfe.html