Irréprochable

« Irréprochable » : ***** La filmographie de Marina Fois est pour le moins éclectique. Sorte d’enfant cachée de Valérie Lemercier et Chantal Lauby découverte en post ado allumée, espiègle et potache, elle se trouve souvent embarquée dans des comédies pas très inspirées.

Ces dernières années, un certain cinéma d’auteur lui a malgré tout permis de faire ses armes au point de devenir une référence du personnage tourmenté et complexe, sombre et secret.

« Happy few« , « Polisse« , « Darling » ou encore « Maman » constituent autant de réussites où Fois ne joue pas à la star évanescente. Elle fonce au contraire, tête baissée, dans des scénarios où la femme morfle, se bat, se blesse, s’empêtre dans une vie où il est douloureux de respirer.

« Irréprochable » me semble être le rôle de sa carrière tant le très talentueux réalisateur, à la croisée des cinémas de Winding Refn, de Van Sant et de Dolan, tire le meilleur parti de chaque mimique, chaque geste, chaque intonation.

Dans un thriller maîtrisé de bout en bout, le personnage central se laisse implacablement aspiré par la mythomanie. Evitant le réalisme social sans le nier, le film montre à en donner le vertige, la chute d’un agent immobilier prêt à tout pour exister aux yeux du monde qui l’entoure. Son ancien employeur, son nouvel amant, son ancien amoureux, sa rivale pour le job qui devait enfin la sortir de la mouise seront autant de victimes de la folie sourde qui s’empare d’elle.

Pas de fard, des racines de 6 mois sur un blond pisseux, des fringues de sport hideuses… autant d’atours dont Fois fera le meilleur usage pour peindre une âme perdue, en mal d’amour et de reconnaissance, d’argent et d’attention.

Ce film touche à la perfection, de l’écriture au sens aigu de la narration en passant par l’intelligence des cadrages, de la couleur et du montage. Sans parler d’une bande son hypnotique et hitchcockienne à faire pâlir d’envie les plus doués des compositeurs électro.

Sébastien Marnier est donc un jeune metteur en scène avec de l’or dans les mains. Gageons qu’il le mettra à profit pour de nouveaux chefs d’œuvres et n’oublions pas l’excellente prestation de Jérémie Elkaïm, d’une précision toute au service du propos.

David Fargier – Vents d’Orage

Synopsis :
Constance, agent immobilier à Paris, a perdu son emploi et en cherche depuis un an. Sans appartement et vivant du RSA, elle repart en Charente-Maritime où elle a commencé sa carrière et où vit sa mère, hospitalisée. Elle tente de retrouver du travail dans sa précédente agence et demande l’aide de Philippe, un ancien amant. Malgré cela, le gérant préfère embaucher Audrey, qui accepte d’être moins payée. Dès lors, Constance se met à suivre la jeune femme, afin de lui ravir le poste d’une façon ou d’une autre. Alors qu’elle entame une liaison torride avec Gilles, un fiscaliste parisien, elle parvient à s’immiscer dans la vie d’Audrey..
Réalisateur : Sébastien Marnier
Avec : Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy, Benjamin Biolay