Joséphine Baker – Des trottoirs de Saint-Louis aux marches du Panthéon

Joséphine Baker – Des trottoirs de Saint-Louis aux marches du Panthéon

Marie-Florence Ehret a brossé ici un joli portrait de Joséphine Baker, femme libre, née pauvre et qui a réussi à faire de sa vie ce qu’elle désirait.

« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? » (Paul Gaughin)

De même, dans ce rapide texte, Marie-Florence Ehret a tenté de décrypter les images publicitaires qui ont fait d’elle la star connue de tous et de mettre en évidence la force de caractère peu commune qui a permis sa vie extraordinaire.

Un livre à offrir, un beau cadeau de Noël !

Les artistes ont mis à la mode l’art nègre, qui incarne pour eux force et primitivisme. Le jazz débarque à Paris, avec Joséphine Baker, et confirme cet enthousiasme chez toute une génération avide d’oublier les tranchées, et reconnaissante de leur aide aux Américains, qu’ils soient noirs ou blancs.

C’est donc sans le moindre état d’âme qu’en 1926, Joséphine Baker triomphe dans la Revue nègre, au Théâtre des Champs-Élysées, qui a choisi d’ouvrir ses portes avec ce spectacle.

Noire ou blanche, Américaine ou Française, danseuse nue ou dame de charité ? Qui est Joséphine Baker ? Aussi connue comme artiste de music-hall que comme résistante ou comme mère adoptive – douze enfants ! Et de toutes les couleurs, une vraie tribu, la « tribu arc-en-ciel » comme elle aimait à le dire, qui joue ces divers rôles ? On se souvient de ces images qui ont fait le tour du monde : la panthère noire croquée par Paul Colin, la diva moulée dans des robes de strass, coiffée de diadèmes et de plumes qu’elle fut jusqu’aux derniers jours, la résistante en uniforme de sous-officier de l’armée française, et la mama un peu épaisse qu’on a vue pleurer misère à la télévision pour ces petits orphelins que des créanciers impitoyables s’apprêtaient à expulser du Château des Milandes. Quelle femme se cache derrière ces trois masques ? À quel prix cette petite négresse du Missouri, petite fille d’esclave comme il y en avait tant au début du XXe siècle aux États-Unis, est-elle devenue la vedette internationale, amie des rois, des princes et des présidents du monde entier ?

« Danse, ça te réchauffera ! » lance du haut de ses huit ans la petite Tumpie à sa sœur, donnant elle-même l’exemple en sautant, tournant, virevoltant sur la musique des Jones Family Band, un orchestre de rue dont elle a fait sa famille. Tumpie, c’est le surnom que, dès sa naissance, Carrie, sa mère, a donné à ce bébé au crâne ovale comme un œuf et au ventre tout rond, en référence au bonhomme de la comptine, Humpty Dumpty.

À peine née, Tumpie, de son vrai nom Freda Josephine McDonald, a la danse de Saint-Guy, comme disait ma grand-mère. Elle a failli échapper aux mains de sa mère à force de gigoter, et huit ans plus tard, rien n’a changé. Elle ne tient pas en place. Elle a un ressort sous les fesses. Hyperactive, dirait-on aujourd’hui. Il faut qu’elle bouge, qu’elle saute, qu’elle s’agite, qu’on la regarde.

Éditions de la Différence
155 pages, 13,50 €.