Langres, la citadelle imprenable

Langres, la citadelle imprenable

Pour sortir des sentiers touristiques traditionnels, toucher à l’Histoire de France, dirigez-vous à l’est du bassin parisien pour atteindre le département de Haute-Marne et découvrir Langres, la ville fortifiée, réputée invincible. Au moyen âge, politiquement influent, l’évêché de Langres est un carrefour commercial important. A la renaissance il est réputé pour son orfèvrerie, sa pratique de l’enluminure pour les manuscrits. Le cardinal de Givry favorise le développement artistique, en commandant notamment de grandes tapisseries. Il n’en reste plus que trois l’une au Louvre, les deux autres dans la cathédrale Saint-Mammès.

Avec son emplacement stratégique : Langres est situé sur un promontoire de 500 mètres d’altitude, son rayonnement artistique et commercial, il est logique que Vauban décide d’en faire une place fortifiée, invincible. L’histoire, lui donnera raison, Langres ne sera jamais prise, ni par les prussiens, ni par les allemands, ce qui lui vaudra le titre de cité inexpugnable.

Les fortifications, les sept tours d’enceinte, les huit kilomètres de chemin de ronde sont toujours présents et c’est ce qui rend Langres exceptionnelle.

Dès l’entrée, on est sous le charme de l’architecture, de la richesse des ornements, de la qualité préservée des vieilles demeures en pierre de taille. Un petit train traverse la citadelle et vous emmène le long des remparts avec une vue imprenable sur la plaine. Mais rien ne vaut de parcourir Langres à pied. Il vous faut, vous perdre dans les rues de la ville, découvrir au hasard de vos pérégrinations un passage qui semble secret, qui vous entraîne dans un dédale de ruelles étroites, bordées de larges murs médiévaux, d’époque. Vous imaginez alors ce que devait être au moyen âge cette ville forteresse. Dans ce labyrinthe de ruelles, au hasard de vos pas, vous découvrirez la cathédrale Saint-Mammès, la tour de Navarre, la maison de la Renaissance, la maison des lumières et bien d’autres trésors comme une vieille maison médiévale avec ses croisillons typiques de l’époque, ou encore une riche demeure bourgeoise, avec ses sculptures, ses niches arborant des statues.

La cathédrale Saint-Mammès

Cette église du XIIe siècle, de style clunisien est un mélange d’art roman, gothique et néoclassique avec sa façade reconstruite en 1768. A gauche de la nef, la superbe petite chapelle d’Amoncourt se distingue par une voute en berceau orné de caissons rectangulaires et ovales qui est le pendant du sol constitué de superbes faïences polychromes, de formes similaires. Sur les murs de la nef sont accrochés deux grandes tapisseries du XVe siècle. A noter, l’existence de très beaux bas- relief en pierre et à l’extérieur la toiture en tuiles vernissées représentant des motifs géométriques, dans le style bourguignon.

La tour de Navarre et d’Orval

Construite au XVIe siècle, et inaugurée par François 1er en 1521, cette tour a pour vocation la défense de la ville par l’artillerie. Colossale, cette tour de 28 m de diamètre avec des murs de 7 mètres d’épaisseur a été construite en deux étapes. En effet, une fois terminée, l’armée s’aperçut qu’elle n’avait pas assez de hauteur pour que les canons aient une portée efficiente. Les murs furent donc rehaussés. Et pour acheminer les canons au sommet, il fût construit une longue rampe hélicoïdale. La rumeur susurre que Léonard de Vinci aurait apporté son génie à cette réalisation. Si vous montez jusqu’au sommet vous découvrirez une belle charpente conique et un charmant monsieur qui endosse le costume des soldats de l’époque. Il vous narrera le quotidien des arquebusiers, étayé de délicieuses anecdotes. Sa prestation se termine par une démonstration de tir à l’arquebuse, aussi visuelle que sonore.

La maison des lumières

L’hôtel du Breuil construit au XVIe et XVIIe siècles est dédié à Denis Diderot, l’enfant du pays. Désavoué par son père qui aurait souhaité en faire une homme d’église, Diderot devient à Paris un philosophe reconnu par ses pairs. Outre l’esthétique architecturale de ce musée, vous découvrirez l’œuvre et les multiples facettes de Diderot, cet esprit libre, curieux des sciences et terriblement provocateur. Le siècle des lumières qui est tourné vers les découvertes et la connaissance du monde est parfaitement illustré dans ce musée. Les cartes de cette époque témoignent parfaitement de la progression des sciences en général. Bien évidemment, la célèbre encyclopédie de Diderot y est présentée, avec son contexte historique. Dès le premier volume, Diderot fait scandale. A la lettre A, il explique ce qu’est l’anthropophagie. Tout ce serait bien passé s’il n’y avait pas sous la définition, un astérisque qui renvoyait aux pratiques du christianisme où il associait l’eucharistie (le corps et le sang du Christ) à une pratique cannibale. Rien d’étonnant alors, à ce que le pape menace d’excommunication toute personne qui possèderait un tome de l’Encyclopédie. Ce n’est pas le seul esclandre que suscita cette encyclopédie. Le musée retrace parfaitement cette époque sans oublier de présenter l’œuvre de traduction de Diderot ainsi que son amour des arts. Il fut d’ailleurs l’un des premiers critique d’Art.

Et, si séduit par cette citadelle, vous n’arrivez plus à la quitter, il vous faut faire les visites de nuit avec la dégustation des produits du terroir et visiter l’exposition de Langres à la Renaissance, au musée d’Art et d’Histoire. Avant de partir explorer les alentours de Langres, reposez et restaurez-vous à l’hôtel du Cheval Blanc. Cette ancienne église fut transformé en auberge à la révolution. Dans certaines chambres vous verrez des grosses poutres et traverses en bois témoignant de ce passé. Au petit matin poursuivez votre escapade vers le château du Pailly, puis vers les Jardins suspendus du village de Cohons. Ensuite, allez-vous baigner dans l’un des quatre lacs qui entourent Langres. Le plus réputé, celui de de la Liez, dispose de 14 km de rivage et propose des activités, telles que la pêche, le ski nautique, le kayac et la planche à voile…  Langres, la citadelle imprenable a de quoi séduire.

Barbara Ates Villaudy
Photos Barbara Ates villaudy

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