L’expérience de la Couleur

L’expérience de la Couleur

Aux portes de Paris et facilement accessible, le musée national de la céramique est un lieu magique où la manufacture, toujours en fonctionnement, continue de travailler avec des artistes contemporains.

Cette exposition propose un voyage sensoriel inédit et unique – par-delà la céramique. Du laboratoire des couleurs de Sèvres aux couleurs dans l’art ! Imaginez circuler dans une palette de peinture…

L’expérience de la Couleur aborde la question fondamentale de la perception des couleurs par les artistes, sous un angle essentiellement sensoriel. Source de plaisir, symbole de pouvoir, catalyseur de mémoire, la couleur est pour l’artiste un outil puissant qui affecte nos émotions, bien au-delà de nos pensées. L’expérience de la couleur – une exposition du 40e anniversaire du Centre Pompidou – invite le visiteur à expérimenter la couleur-matière, la couleur-espace, la couleur-lumière et la couleur-geste.

Les couleurs ont largement contribué à construire l’identité de Sèvres. Au laboratoire de la Manufacture de Sèvres, mille et une couleurs ont été créées depuis 1740. Elles sont le point de départ de l’exposition qui en dévoile les secrets pour la première fois. De l’alchimie à la chimie, l’inventivité de la palette de Sèvres et de ses couleurs flamboyantes a révolutionné le « bon goût » dans le domaine des arts décoratifs. Bleu céleste, bleu de Sèvres, rose Pompadour… jusqu’à l’orange Sottsass ou le vert Hyber sont élaborés pour répondre à la demande des artistes. Les « émauxthèques » expérimentales d’Emmanuel Boos et les créations des designers-coloristes Scholten & Baijings, Doshi Levien, artistes et designers en résidence, témoignent de l’effervescence qui règne à Sèvres autour de la couleur.

Vision transversale et résolument contemporaine de la couleur dans l’art et la création, le propos du commissaire de l’exposition, Frédéric Bodet, va au-delà de l’évocation du seul « Laboratoire de Sèvres« . Il l’étend très largement à la céramique internationale confrontée à d’autres domaines de l’art (peinture, arts graphiques, design, verre, textile, photographie, cosmétique, gastronomie). Les œuvres de grands céramistes français et internationaux, historiques et contemporains (Ernest Chaplet, Emile Decoeur, Théodore Deck, Daniel de Montmollin, Philippe Lambercy, Jean Girel, Edmund de Waal, parmi d’autres…) dialoguent avec les contributions décisives d’artistes plasticiens et designers considérés comme des figures incontournables de la couleur au XXe  siècle (Josef Albers, Sonia Delaunay, Gérard Fromanger, Sheila Hicks, Yves Klein, Jean-Philippe Lenclos, André Lemonnier…).

Les 400 œuvres présentées vibrent et dialoguent dans un tourbillon de formes, textures et matières hautes en couleurs. Elles sont majoritairement issues des collections du Musée national de la céramique de Sèvres et de prêts exceptionnels de grandes collections publiques, en particulier du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou (une cinquantaine d’œuvres), des Arts Décoratifs, du Centre national des Arts plastiques, du Mobilier National et du CIRVA. De nombreux prêts d’artistes, de galeries et de collectionneurs viennent compléter la sélection des œuvres présentées dans l’exposition.

Le cœur de l’exposition se concentre sur une vision transversale des nuanciers de Sèvres : une exceptionnelle variété des palettes élaborées au service de la porcelaine et du grès de Sèvres, depuis 1740 jusqu’à nos jours. Ces nuanciers sont complétés et améliorés en fonction de l’évolution de la technique et des sciences, mais surtout des évolutions socio-culturelles du goût des collectionneurs et de l’imagination des artistes invités.

L’exposition rappelle quelques-unes des subtiles réappropriations de la couleur aux XIXe et XXe siècles, par de grands artistes-céramistes, à Sèvres, mais aussi hors de Sèvres. Ils se sont emparés de cette question complexe de la couleur, en focalisant leurs recherches autour de la texture des émaux et d’une réinterprétation moderne des «anciens», ou bien au contraire en innovant de façon iconoclaste ( rouges «sang de bœuf» d’Ernest Chaplet ou de Pierre-Adrien Dalpayrat, les couvertes «nuagées» d’Emile Decoeur inspirées des grès Song chinois, les bleus «égyptiens» d’Edmond Lachenal et de Felix Massoul, ceux de Théodore Deck influencés également par les couleurs de la Turquie Iznik, les lustres métalliques de Clément Massier repris de la tradition musulmane et espagnole… )

Les focus thématiques, d’approches instinctives ou savantes donnent l’opportunité de confronter la couleur sur céramique à d’autres domaines de l’art. Peinture, photographie, verre, textile, architecture et design, gastronomie et cosmétique utilisent également des nuanciers artisanaux et industriels.

Jusqu’au 2 avril 2018

Sèvres
Musée national de céramique
2, place de la Manufacture
92310 Sèvres
Tous les jours de 10 h à 17 h, sauf le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier

Photos in situ : Véronique Grange-Spahis