Le mariage forcé de George Dandin : attrape-moi si tu peux

« Le mariage forcé de George Dandin » : attrape-moi si tu peux

Le thème du mariage fut brulant d’actualité il y a quelques mois, on s’en souvient. D’un point de vue juridique, les pros défendirent le principe républicain d’égalité des droits. Au plan religieux, les antis crièrent au dévoiement moral d’une belle institution à laquelle il ne fallait pas toucher. Au-delà de tout parti pris, mon questionnement à l’époque tint davantage à cette volonté farouche d’une communauté ayant lutté bec et faux ongles pour faire accepter sa singularité et se trouvant alors emportée par une fièvre de normalité –car l’institution porte en elle-même les symboles d’une certaine norme sociétale. Il porta également sur le sens d’un tel engagement, sa portée émotionnelle, symbolique tout autant que pragmatique, et de cela, on ne dit mot ou bien peu.

Cette création artistique arrive ainsi à point nommé puisqu’elle vient souligner en creux combien le mariage a perdu ses lettres de noblesse, combien aujourd’hui encore, manifestant ainsi une grande modernité à des textes âgés de quatre siècles, l’on épouse pour de bonnes mais aussi de mauvaises raisons. Il faut se caser, il faut trouver un bon parti, il faut un prétexte pour réunir familles et amis aux fins d’une fête mémorable et dispendieuse que la société de consommation saura abreuver à grands coups de champagne hors de prix, de robes meringues signées de créateurs tellement inspirés et d’albums photos aussi lisses que le chignon de la mariée.

Dans une mise en scène ingénieuse et enlevée, de celles qui redonnent des couleurs au théâtre contemporain comme avait su magistralement le faire Alexis Michalik sur ces mêmes planches du Ciné XIII Théâtre administrées par Salomé Lelouch, « Le mariage forcé de George Dandin » peut se targuer sous des aires de gaudriole, tel un vaudeville, d’interroger nos contemporains sur le piège qui se referme lorsque les intentions de mariage masquent mal l’intérêt. Deux textes de Molière courageusement tricotés entre eux dans un grand respect de la lettre –à quelques anachronismes prêts– comme de esprit où la rébellion espère triompher de l’argent.

La pièce et ses comédiens dirigés avec l’espace de respiration nécessaire, tutoient philosophie et morale, abordant avec malice et habileté ce qui devrait être le seul et unique fondement du mariage : la sincérité de l’amour que les futurs époux se portent, et la fidélité à laquelle ils se promettent. Le miroir que George Dandin nous tend à de quoi faire frémir, de plaisir mais pas que.

 

Le mariage forcé de George Dandin

En se mariant, George Dandin rêvait d’amour et de reconnaissance. Raté.

1929, dans un petit village de l’ouest américain. C’est la crise. George Dandin, jeune propriétaire terrien fortuné, rêve d’un beau mariage qui lui apporterait amour et distinction sociale. M.et Mme de Sotenville, aristocrates de vieille souche, se retrouvent ruinés par le krach boursier. Marier leur jeune fille Angélique à George Dandin leur permettrait de renflouer leurs caisses…

Découvrez ce nouveau spectacle savoureux et réjouissant! En adaptant deux pièces de Molière, Matthias Fortune Droulers et Ivan Herbez proposent une pièce unique, entre farce jubilatoire, drame familial et comédie noire.

 

Auteur : Molière
Avec : Léa Dauvergne, Benjamin Duc, Matthias Fortune Droulers, Ivan Herbez, Anne-Sophie Liban, Bertrand Mounier
Metteurs en scène : Matthias Fortune Droulers, Ivan Herbez
Calendrier des représentations :

Du 16 novembre au 31 décembre 2016 du mercredi au dimanche

Ciné XIII Théâtre
1 avenue Junot
75018 Paris

David Fargier – Vents d’Orage