Miroir de l’homme : une rétrospective

Miroir de l’homme : une rétrospective

Ce sont quatre tours monumentales qui se dressent sur le parvis de la Défense.
Surmontées de l’emblème de la Société Générale, on pourrait détourner les yeux de ce qui apparaît de prime abord comme de simples bureaux. Mais ce serait alors manquer de curiosité et perdre l’occasion d’être sincèrement ébahi. Car une fois les portiques franchis, les œuvres nous interpellent.

Depuis plus de 20 ans, la Société Générale s’attache à promouvoir et soutenir l’Art contemporain. Sa collection initiée en 1995 compte aujourd’hui près de 350 peintures, sculptures, dessins, photographies, etc. Si elle rassemble quelques pièces d’artistes renommés tels que Soulage ou Barry Flanagan, elle dénombre également de jeunes talents en devenir.
Exposée de façon permanente dans les espaces communs des tours, cette collection aussi riche qu’éclectique se met en scène dans son intégralité au détour d’un couloir, aux murs des salles de conférence, dans les restaurants d’entreprise….pour le plus grand plaisir des salariés qui y travaillent. Et depuis 2011, la création au premier étage d’un espace dédié aux expositions temporaires permet de jouir tous les ans d’un accrochage original.

Pour l’exposition Miroir de l’homme : une rétrospective, la Société Générale a choisi de mettre en exclusivité l’accent sur le travail de Fahamu Pecou, en collaboration avec la galerie Backslash.

Fahamu Pecou :

Fahamu Pecou est né à New York en 1975. Artiste aux multiples influences, son travail mêle hip-hop, graphisme et culture populaire. La remise en question de l’identité noire, de même que l’hyper-médiatisation, sont des thèmes récurrents qu’il se réapproprie en y instillant une touche de dérision.

Ses premières séries picturales intitulées Neopop s’emploient à détourner les couvertures de grandes revues. L’artiste se met en scène et souligne par son attitude parfois provocante la théâtralité des médias. Il s’érige en icône noire de la pop culture et s’amuse des stéréotypes raciaux.
Les recherches de l’artiste portent également une réflexion profonde sur le poids de l’héritage culturel dans la communauté noire. Il rend ainsi hommage aux grandes figures politiques ou artistiques américaines du siècle dernier-Nina Simone, Martin Luther King– mais aussi aux religions ancestrales africaines. Do or Die dénonce le phénomène d’acculturation subit par les esclaves d’Amérique et sublime avec gravité la religion Yoruba de ses ancêtres.
Ce perpétuel besoin de renouer avec ses racines mais aussi de s’affirmer dans l’Amérique pluriculturelle constitue la toile de fond de nombreuses autres séries telles que Second Childhood ou encore I know why the caged bird blings.

La première série présente trois tableaux d’un jeune homme à l’apparence affirmée : torse bombé, posture provocatrice, sous-vêtements visibles. A peine sorti de l’enfance, ce personnage a intégré les codes de la culture hip hop, qui se veut singulière et marginale. Mais à trop vouloir s’individualiser, l’homme s’abîme dans le stéréotype. Les œuvres de I know why the caged bird blings tentent d’amener une réflexion plus profonde sur cette perception biaisée de l’homme noir américain. Dans un sursaut, l’or jaillit des êtres et révèle la beauté.
«BLACK IS BEAUTIFUL» nous rappelle Fahamu Pecou.

Jusqu’au 25 novembre 2017

Tours Société Générale, 17 Cours Valmy 92800 Puteaux
L’exposition est ouverte au public dans le cadre de visites guidées de groupes sur inscription.

Lauréana Lebrun, étudiante en peinture et arts graphiques à l’IESA