Ni vues ni connues

Ni vues ni connues

Impertinent, rédigé avec humour le premier livre du collectif féminisme « Georgette Sand » retrace le parcours de femmes qui devraient être célèbres, mais ont été rayées, oubliées des manuels d’Histoire, de notre mémoire. Cet ouvrage « Ni vues, ni connues », nous révèle des aventurières, des guerrières, des pionnières, des engagées, des artistes éclipsées par leur famille, des scientifiques à qui l’on a raflé le Nobel, bref, des femmes brillantes, dont les noms, les actions, les vies, ne devraient pas rester dans l’ombre.

Au fil des pages, nous découvrons quelques-unes que nous connaissions déjà comme Aliénor d’Aquitaine, Nannerl Mozart, Rosa Luxembourg, Marie Curie, Camille Claudel, Germaine de Staël… Mais, nous apprenons un détail que nous ignorions comme avec Yvette Chassagne. Cette politicienne démarre sa carrière en fabriquant des faux papiers pour la résistance, puis accède au statut de première préfète de France au grand dam de plusieurs. Lors d’une entrevue, un homme lui demande : « Madame, je peux vous appeler Monsieur ? » Avec classe, Yvette lui répond : « Je vous en prie monsieur, je vous appellerai donc madame. » Voilà, le style est donné.

Grâce au cinéma, certaines histoires sont devenues célèbres comme celle de Margaret Keane dont le mari usurpait le talent en signant les toiles de sa femme de son propre nom. Il aura fallu 20 ans pour que celle-ci se décide à porter plainte et qu’après un long procès, le tribunal lui rende enfin justice. Même devant l’évidence son mari prétendra jusqu’à sa mort être l’auteur des illustres portraits aux troublants yeux. Cet ouvrage nous relate d’autres parcours moins connus comme celui de Bow-Sim Mark, « La Chinoise » qui importa les arts martiaux aux USA. Elle fut la référence dans ce domaine, ce, bien avant Bruce Lee, mais reste pourtant inconnue du grand public.

Il y a aussi Vivian Maier qui photographie les rues de Chigago, de New York, les travailleurs, l’Amérique des années 50… Elle innove en prenant des clichés où par le jeu de miroirs, des reflets dans les vitrines, l’on aperçoit sa silhouette, son visage. Avec humour, les Georgettes notent que la maternité des selfies revient sans conteste à Vivian.

Un peu plus loin, nous apprenons que l’Anglaise, Delia Derbyshire l’initiatrice de la musique électronique, qui a créé à partir d’une composition de Ron Grainer, le générique de la série culte Doctor Who, ne touchera pas un seul royaltie. La BBC, la chaîne qui l’emploie, empochera tous les bénéfices, en son nom. Il y a aussi la Française, Alice Guy-Blaché, précurseure du cinéma d’auteur qui réalise plus de 1000 films, met en avant l’égalité femmes-hommes, devient directrice de la production Gaumont. Et pourtant on ne se souvient que de son contemporain Méliès, lorsqu’on parle des débuts du cinéma.

Et il y en a tant d’autres, avec cet ouvrage, vous allez découvrir ou vous remémorer les existences hors du commun de 75 femmes « invisibilisées ». Ce livre se parcourt avec délice, linéairement ou au grès de votre humeur, naviguant dans les thèmes : les artistes, les aventurières, les méchantes, les femmes de pouvoir, les intellectuelles, les militantes, les scientifiques.

Cette œuvre écrite à plusieurs mains, celles des Georgettes Sand est préfacée par l’historienne Michelle Perrot et postfacée par Pénélope Bagieu.

Barbara Ates Villaudy

Ni vues ni connues
Auteur : Collectif Georgette Sand
Préface de Michelle Perrot – Postface de Pénélope Bagieu
Editions Hugo & Compagnie
259 pages – 17 euros, parution le 5 octobre 2017

Signature du livre, le 12 octobre à la libraire Violette & Co, 102 rue de Charonne, Paris.

Le collectif Georgette Sand : « Faut-il s’appeler George pour être prise au sérieux ? »
Partant du constat que plus on grimpe dans la hiérarchie, du pouvoir politique, des entreprises, et même du monde associatif, plus la présence des femmes décroît indéniablement. Le collectif cherche à comprendre, à démonter les mécanismes qui conduisent à cet état des choses.

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