Rancillac, rétrospective

Rancillac s’est révolté.

Dès son entrée sur la scène artistique dans les  dernières années 50, il regarde l’abstraction alors dominante comme une impasse incapable de rendre compte du monde et des tragédies qui vont le secouer d’un bout à l’autre des sixties, des seventies et au-delà …

Après un rapide passage par l’abstraction qu’il repousse il opte pour la Figuration Narrative qu’il invente en marchant avec quelques autres dont Hervé Télémaque. Les rejoindront  en 1964, lors de l’exposition Mythologies contemporaines, des dizaines de jeunes artistes venus d’horizons divers dont Hamilton, Hockney, Monory, Rosenquist, Niki de Saint Phalle ou Rauschenberg.  Excusez du peu.

La révolte ayant eu lieu, la révolution peut commencer.

La rétrospective Rancillac de l’espace Niemeyer rend compte œuvre après œuvre du chemin parcouru par l’artiste qui dénonce, interpelle et crie sa révolte et ses indignations aussi fort que ses admirations pour ce et ceux qu’il aime qu’il estime ou qu’il admire.

Débarrassé de l’abstraction il peut puiser à pleines mains dans le vocabulaire du Pop Art, recourir à la sérigraphie, aux collages, à la photographie retravaillée ou non, à l’image psychédélique, aux effets de solarisation et d’équidensité pour dire, à sa manière, l’actualité de ce temps en train de devenir notre histoire: La beat génération, la Guerre d’Algérie, Mai 68, la guerre du Vietnam, la bande à Bader, Malcolm X, Allen Ginsberg, Diana Ross, le Jazz, Mickey qu’il plaque sur la face de Pinochet, la guerre toujours, en Afghanistan et en Tchétchénie, le sexe, le corps, les corps morts ou vifs, les bagnoles, le consumérisme, en un mot le 20ème siècle finissant dans lequel il plonge comme d’autres plongent les mains dans le cambouis.

Loin des questionnements de l’abstraction et de ses réponses souvent absconses, Rancillac questionne le monde de son temps en travaillant les images de ce temps. Rafraîchissant !

 

Jusqu’au 07 juin 2017

Espace Niemeyer
2 place du colonel Fabien 75019. Métro Colonel Fabien.
De 11h à 18 h 30 du lundi au vendredi. De 13 h à 18 h  samedi et dimanche.

Et c’est gratuit !

Pierre Vauconsant