Artistes et robots

Artistes et robots

En deçà et au-delà …

En deçà et au-delà de l’œuvre, avant et après qu’elle ait été accomplie.  Qui l’a réalisée ? Qui en est l’auteur quand l’artiste n’est plus que le créateur de la création ou même moins, quand il n’est plus que le concepteur des outils qui procéderont à la création ?
Imaginez Pygmalion faisant en sorte que Galatée soit douée de talent, devienne sculptrice, prolonge son œuvre et produise à sa place des statues inoubliables. De qui se souviendrait-on ?
C’est la question, en deçà et au-delà de l’activité du créateur, que pose Artistes et Robots.
C’est la question de la place du créateur, c’est aussi celle de la place de l’homme dans un monde où l’intelligence artificielle se propose de prendre le relais et plus encore.
Ce n’est pas tous les jours qu’une exposition d’art plastique pose une question ontologique. Artistes et Robots le fait et le fait très bien.

L’exposition propose un parcours au travers d’œuvres dont les artistes semblent s’être absentés pendant que les algorithmes sont à la manœuvre. Ils produisent sans lui, sans leur Pygmalion, sans leur géniteur qui paraît se satisfaire d’un second rôle alors qu’en fait son rôle est toujours premier, toujours initial.
Toujours à l’initiative mais effacé, en retrait, en deçà de l’œuvre qui, sous nos yeux s’accomplit sans fin, sans cesse recommencée et réinventée par l’aléatoire algorithmé.
Toujours à l’initiative, l’artiste créateur mais plus largement l’homme, ne se veut plus que source ombreuse et timide et renonce à être le fleuve ample et large de pleine lumière, celui qui occupe le devant de la scène depuis la nuit des temps.

La question lancinante que pose l’exposition tout au long du parcours, sur ces cartels et ses écrans, ce n’est pas qu’adviendra-t-il de la création de demain dont on ne doute pas qu’elle sera toujours aussi vive et séduisante mais que restera-t-il de l’Homme créateur, que restera-t-il de son humanité quand il aura abdiqué la quasi totalité de son rôle, quand il aura délégué ce qui le faisait Homme à une autre intelligence que la sienne ?

Quel avenir pour l’homme créateur s’il se retire de l’accomplissement de l’œuvre pour n’être plus que le soutier qui alimente la machine en datas. ? C’est la question que posent Laurence Bertrand Dorléac et Jérôme Neutres.
Ils ne doutent pas qu’il y aura encore et encore des Tinguély des Orlan, des Murakami ou des Xénakis.
Ils s’interrogent sur ce que sera leur place dans le monde qui vient.

Jusqu’au 9 juillet 2018

Grand Palais.
3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
De 10 h à 20 h (22 h le mercredi) – fermé le mardi

Pierre Vauconsant
photos in situ : Véronique Grange-Spahis

Ne partez pas sans passer par la boutique avec des créations exclusives, entre autres, de François Brument et Sonia Laugier, de Leonel Moura, d’ORLAN, de Patrick Tresset !