Beauties, la beauté sauvera le monde

Beauties, la beauté sauvera le monde
Françoise Spiekermeier – Entretien avec Michel Maffesoli

Françoise Spiekermeier a dédicacé ce livre en avant-première vendredi 7 octobre à la Mairie du 9ème arrondissement de Paris lors de l’inauguration de l’exposition 100% femmes photographes : Objectif Femmes (du 7 au 15 octobre et entre dans le cadre des Journées Portes Ouvertes PARISARTISTES#)

A l’heure où l’on pourrait craindre que la mondialisation ne devienne synonyme d’uniformisation, le travail de la photographe Françoise Spiekermeier sur les rituels de beauté dans le monde nous rappelle combien les pratiques esthétiques sont multiples et socialement codifiées. Sociologue de formation, Françoise Spiekermeier s’intéresse depuis des années à la représentation du corps et se définit comme « une photographe des beautés aux marges du monde « .

De ses voyages en Ethiopie, au Soudan du Sud, au Niger, en Inde, en Afghanistan, en Papouasie et Nouvelle-Guinée, elle a rapporté d’innombrables photographies, témoignages des manières d’être et de vivre des peuples visités : coiffures d’argile dans la vallée de l’Omo, plateau labial chez les femmes Mursi, robes à imprimés fleuris Liberty pour les guerriers du Soudan, diadèmes virginaux en perles pour les jeunes nubiles Jiyé, plumes d’oiseaux du paradis et perruques chez les papous Huli, tatouages chez les Konyak, vêture exclusivement noire et blanche chez les Rabari… autant de conceptions de la beauté qui témoignent de la richesse des traditions ethniques et nous amènent à repenser notre conception du beau.

« La beauté sauvera le monde. A cet instant, je suis sûre d’une chose : la beauté a sauvé ma vie ».

Reporter photographe et journaliste, Françoise Spiekermeier a couvert plusieurs conflits dont le Kosovo, l’Afghanistan et la 2e guerre de Tchétchénie entre 1999 et 2003. Ses reportages ont été publiés dans Paris-Match, Le Monde, Life, Der Spiegel, US News

En octobre 2001, elle a reçu le prix Bayeux des correspondants de guerre pour un reportage sur les camps de filtration en Tchétchénie.

« Ecrire et photographier constituent pour moi deux moyens complémentaires de décrire un même sujet. Ecrire m’aide à rester fidèle à la réalité que je photographie. Et aujourd’hui, je ne pourrais plus me satisfaire de ne faire que du journalisme écrit. En effet, dans des situations dangereuses ou délicates, le fait d’être photographe me donne le cran de rester, sans doute parce que l’appareil photo agit comme un filtre qui protège. L’appareil photo oblige simultanément à porter un regard attentif sur le monde et à prendre du recul, ce qui permet de sublimer l’aspect trivial de la réalité et, parfois, de transcender la douleur des autres… ».

Par ailleurs, le thème de la beauté occupant une place transversale dans son travail sur les terrains de guerre, elle s’est engagée depuis 2009 à documenter la beauté et les styles sur tous les continents – projet BeautieS commencé en Ethiopie – faisant de ce thème le sujet central de son oeuvre photographique.

Ce travail a obtenu le coup de cœur de la Bourse du Talent. Exposés à la BNF (à côté de photographies de mode), trois de ses tirages ont rejoint la collection de l’institution.

« En matière de mode et de style, il est utile de voir au-delà des apparences, que celles-ci soient séduisantes ou pas. Car derrière le vêtement et la parure, derrière le visible, il y a l’aspiration humaine à capturer l’invisible, à maîtriser des forces qui dépassent la condition humaine du corps nu. Le vêtement est un attrapeur de rêves ».

Un très beau livre qui va bien au-delà  du magnifique travail photographique – c’est un ouvrage qui va vite devenir « de référence » – L’Ethiopie, le Soudan, le Niger, l’Inde, l’Afghanistan et la Papouasie-Nouvelle-Guinée lui ont fourni de nombreuses images illustrant la rencontre surprenante entre traditions et acculturations, nous obligeant à réviser (et repenser) les jugements que nous portons sur les objets les plus banals de notre quotidien.

A offrir ou à s’offrir !

Editions de La Martinière – Styles
Prix de vente au public (TTC) : 35 €
240 pages ; 28,5 x 22 cm
A paraître le 13 octobre 2016