La fille inconnue

La fille inconnue

Je déteste le cinéma réaliste et son dérivé, le docu-fiction. Non que les thèmes traités m’indiffèrent le plus souvent mais je préfère de loin quand les choses ne disent pas leur nom, quand le trait n’est pas trop gros(sier), quand la suggestion prend le pas sur le didactique.

C’est précisément ce que pratiquent avec maestria les frères Dardenne.

Leurs films se déroulent le plus souvent dans la banlieue industrieuse et défavorisée d’une ville chère à mon coeur. Liège, en l’occurence. Ils mettent en image le quotidien mais aussi les histoires extraordinaires de gens simples, emplis d’humanité, des gens qui doutent d’eux-mêmes bien davantage que d’un avenir auquel ils se sont résignés et dont ils s’accommodent tant bien que mal.

Ce nouvel opus ne faillit pas à la règle d’excellence à laquelle ces moissonneurs de récompenses se tiennent, à toujours montrer l’essentiel et seulement l’essentiel. D’autres peignent crument la réalité. Eux s’arrêtent lorsque le décor est posé, le geste esquissé, le verbiage et les grands discours n’apportant rien de plus à l’intention des acteurs, pour partie non professionnels et tirés de la vraie vie pour donner chair au propos.

Une fois encore leur choix pour le rôle central est judicieux, Adèle Haenel campant parfaitement cette face cachée d’un personnage dur en façade pour ne pas se laisser submerger par une émotion qui l’étreint pourtant à chaque instant de sa vie.

Un fait divers sordide la fait vaciller, torturée par la culpabilité. Une culpabilité comme sujet majeur du film, celle que nous pouvons tous éprouver par manque de courage, égoïsme ou parce nous n’avons pas encore compris que la compassion conduit à porter le fardeau de l’autre pour mieux supporter le sien. Encore un coup de Maîtres.

David Fargier – Vents d’Orage

Synopsis :

Jenny, jeune médecin généraliste, se sent coupable de ne pas avoir ouvert la porte de son cabinet à une jeune fille retrouvée morte peu de temps après. Apprenant par la police que rien ne permet de l’identifier, Jenny n’a plus qu’un seul but : trouver le nom de la jeune fille pour qu’elle ne soit pas enterrée anonymement, qu’elle ne disparaisse pas comme si elle n’avait jamais existé.

3 nominations au Festival de Cannes 2016 : Prix du Jury, Grand Prix, Prix de la mise en scène
De : Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne
Avec : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella