Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme

Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme

Si le magnifique village d’Ornans vaut à lui seul le détour, le musée Courbet attire de plus en plus de visiteurs attirés, comme moi, par l’artiste Gustave Courbet. Le musée accueille l’exposition Léon Frederic (1856-1940), un autre réalisme, artiste trop peu connu en France et une véritable « star » en Belgique ! 3 bonnes raisons d’aller à Ornans…

Prenez votre temps de vous poser et profitez pleinement d’une parenthèse champêtre…

Depuis son ouverture en 2011, le musée Gustave Courbet privilégie les expositions qui permettent non seulement d’approfondir la connaissance de l’œuvre du peintre mais aussi de le mettre en résonance avec d’autres artistes. Aussi Léon Frederic a-t-il toute sa place en ce lieu. L’intérêt que le musée Courbet porte à la Belgique et à ses artistes, prouve combien ceux-ci ont compris, aimé et défendu le maître d’Ornans, souvent mieux que ses propres compatriotes.

« En voilà un qui n’est pas parisien ! et comme je lui en sais gré. Figurez-vous – si vous pouvez ! – un paysan flamand qui aurait appris son métier chez Van Eyck et qui, par la suite, aurait rencontré Courbet. » MICHEL André, « Le Tour du Salon », Le Journal des débats, Paris, n°115, 24 avril 1896, p. 2.

Formé à l’Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles, Léon Frederic est aujourd’hui méconnu en France mais il a été l’une des figures incontournables de l’art belge de la fin du XIXème siècle, évoluant du réalisme au naturalisme puis vers un symbolisme utopique. Décrit par un critique parisien comme « un paysan flamand qui aurait appris son métier chez Van Eyck et qui, par la suite, aurait rencontré Courbet », Léon Frederic partage avec le maître d’Ornans une même recherche picturale réaliste et une indépendance certaine face aux conventions.

Si Courbet, par son origine familiale, fait d’Ornans et de ses habitants les principaux acteurs de ses toiles, Léon Frederic, issu d’une famille bourgeoise d’orfèvres bruxellois, découvre le monde rural et ses paysans à travers le village de Nafraiture à l’âge de 27 ans. Ce quotidien paysan observé et, dès lors, vécu, suscite l’empathie de l’artiste et lui inspire ses œuvres les plus significatives. Organisé par le musée Courbet qui en assure le commissariat général, cet évènement s’inscrit dans la suite de la rétrospective de Schaerbeek en Belgique Léon & Georges Frederic organisée en 2000 par Isolde De Buck, historienne de l’art belge. Il s’appuie également sur les recherches menées par Benjamin Foudral pour sa thèse de doctorat préparée à Sorbonne Université. Tous deux sont commissaires scientifiques de l’exposition.

Léon Frederic, dans les pas de Courbet :

Son approche du monde rural se caractérise comme une héroïsation du monde paysan et de la revendication d’un art social. Avec Les Marchands de craie ou Les Femmes à loques, montrant le quotidien des plus pauvres, Léon Frederic, surnommé le « peintre des humbles et des déshérités », devient l’un des représentants majeurs d’un art social belge qui naît dans les années 1880. Frederic ne s’est jamais ouvertement positionné politiquement mais une partie de sa production témoigne de sa préoccupation à rendre compte des conditions de vie précaires induites par les transformations économiques et industrielles de la Belgique sous le règne de Léopold II.

Léon Frederic revendique un culte de la nature et du peuple, refusant d’admettre que l’une soit mauvaise pour l’homme et que l’autre soit condamné à être malheureux. Cette vision du monde contemporain est ancrée dans une réflexion panthéiste et spirituelle commune à ses croyances chrétiennes et aux milieux socialistes et anarchistes qu’il fréquente.

Léon Frederic, des quatre coins du monde à Ornans :

L’exposition regroupe pour la première fois en France un ensemble d’une cinquantaine d’œuvres majeures de Léon Frederic peintes entre 1880 et 1900 et bénéficie des prêts de nombreux musées internationaux (Musées royaux des Beaux-arts de Belgique ; Metropolitan Museum of Art, New York ; Philadelphia Museum, Philadelphie ; Musée d’Orsay, Paris. …).

Jusqu’au 15 octobre 2018

Musée Gustave Courbet
Place Robert Fernier à Ornans
Ouverture tous les jours, sauf le mardi, de 9h à 12h et de 14h à 17h d’octobre à mars, de 10h à 12h et de 14h à 18h d’avril à juin, de 10h à 18h de juillet à septembre
25 290  Ornans

Photos in situ : Véronique Grange-Spahis