Plus jamais seul, Hervé DI ROSA et les arts modestes

Plus jamais seul,  Hervé DI ROSA et les arts modestes

Jubilatoire !

Ce qui enchante le visiteur dès qu’il a fait trois pas dans l’exposition Plus jamais seul, Hervé DI ROSA et les arts modestes  c’est le sourire d’abord timide puis plus assuré qui s’affiche sur le visage des autres visiteurs qui ne comprennent pas très bien ce qu’ils regardent sauf à être des familiers du MIAM de Sète et de l’œuvre protéiforme de l’artiste.

Ce sourire ne les quittera plus jusqu’à la sortie de l’expo et même après car, si le silence qui suit la dernière note d’un opéra de Mozart c’est encore du Mozart,  le moment qui suit cette expo c’est encore du Di Rosa.

On en parle encore longtemps après, au bistro où l’on est allé prendre un pot, à la librairie de La Maison Rouge juste à côté, en flânant le long du canal.
L’illusionniste nous a embarqué dans sa course folle de chasseur-cueilleur. Il ne nous lâche plus.

Sète, Foumban, Miami, Tel Aviv, Paris, Mexico, Kumasi, Addis Abéba, Tunis, Durban, Porto Novo, Séville, La Havane, little Haïti, partout où il va Di Rosa chasse les images et cueille les objets sans statut précis . Ces images et ces objets rejetés, oubliés, méprisés, Di Rosa « en fait ses choux gras »

Di Rosa collationne, collecte, collectionne, colle, rapproche et fusionne ses découvertes de chineur compulsif avec ses propres créations. Sur le même mur on peut voir : des couvercles de calebasses bororo et des Robots de la main de l’artiste … influencé par l’objet africain ? ou  …  conduit à partir de sa propre recherche jusqu’aux couvercles bororo ? On ne sait plus.

Rien n’est certain. Tout est flou. Toutes les frontières sont poreuses.

Plus de gabelous de l’art surveillant les sentiers par où circulent, aller et retour, les tendances, les influences et les mouvements.

Di Rosa a réinventé des cartes pour l’imaginaire. Des cartes que l’on peut voir dans l’expo. Des cartes  géantes où l’Art Modeste, pas si modeste que ça, occupe le centre.

Pour exprimer ses propres mondes recartographiés par ses soins, Di Rosa invente un pigin où il fait entrer tous les vocables graphiques d’où qu’ils viennent sans se soucier de la mauvaise réputation dont ils jouissent.

Pour notre plus grand bonheur le Sétois intègre, désintègre, rassemble, disperse, additionne, multiplie, mélange, métisse, empile, extrade ou accueille dans ses mondes décloisonnés toutes les langues picturales disponibles.

Dans le maelstrom paradoxal de ses compositions il convoque le graphisme publicitaire, la BD, le dessin de presse, les super-héros du cinéma hollywoodien, les monstres julverniens d’abysses technicolor, les personnages punks (ou pas) de fanzines années 80, figures auxquelles s’agglutinent ses propres personnages, ses propres caricatures amusantes quand elles sont isolées, inquiétantes quand elles participent à ces oeuvres cycloniques.

A ses collections il ouvre grand les portes de la création, on serait tenté de dire de la récréation. Ses blisters où sont enfermés des héros de blogbusters  deviennent à leur tour personnages géants plaqués au mur. Ses modèles réduits de voitures mythiques deviennent partie prenante de notre monde dans une scénographie miraculeusement poétique. Ses vignettes de botanique participent  modestement de cet Art Modeste

En dehors d’un passage terriblement sombre par la vie des pauvres ou Di Rosa nous invite à piétiner son œuvre, tout fait …  création !

Tout fait … sourire.

Ne vous privez pas d’un tel moment.

Pierre Vauconsant

Jusqu’au 22 janvier 2017

Maison Rouge
10 Boulevard de La Bastille
75012 Paris
du mercredi au dimanche de 11h à 19h (nocturne le jeudi jusqu’à 21 h)