Réaliser un film de 90 minutes ayant comme protagoniste principal l’eau est un véritable défi. Aquarela – L’odyssée de l’eau, est une projection à la fois fascinante et terrifiante, qui ne peut être oeuvre que du réalisateur russe Victor Kossakovsky, connu grâce à son film ¡Vivan las antipodas!.
Loin des traditionnels documentaires sur paysages, Victor Kossakovsky prend la décision audacieuse de n’inclure ni acteurs ni voice over, mais il est capable néanmoins de mettre en valeur ce personnage et de nous attraper dès les premières images.
Le choix de la bande sonore du long métrage est singulier. Composée d’une part par le groupe de heavy metal finlandais Apocalyptica, qui crée une atmosphère destructive, et d’autre part, les sons naturels de l’eau, les courants, les blocs de glace fondants ou les glaciers qui tombent sur la mer, elle nous submerge dans un monde qui nous semble lointain.
Aquarela nous montre l’énormité d’un être vivant séduisant qu’on ne comprend pas mais qui nous attire.
L’eau devient ici plus qu’un moyen de survie mais image de rêverie, dans toute son ambivalence elle est symbole à la fois de paix et danger, présentée sous toutes ses formes, en témoigne sa brutalité, force de la nature, l’homme ne reste qu’un passager temporaire sur ce monde.
Le spectateur regarde son semblable qui essaye de survivre dans un milieu qui n’est pas le sien. Loin des villes, le paysage montré par Victor Kossakovsky fait rêver, donne envie de prendre aussi une caméra. Un tournage difficile à cause des situations dangereuses que l’équipe a du affronter, le spectateur regarde ce documentaire assis sur son fauteuil se demandant comment est-il possible de filmer certains événements.
Ce film, dédié au réalisateur Alexander Sokurov, nous montre un ensemble de puissantes images et parfois même irréelles, filmées à quatre-vingt-seize images par seconde, si merveilleuses que l’on croit qu’il s’agit parfois d’un film de science fiction. Même si ce n’est peut être pas son but initial, Aquarela fait réfléchir sur l’action de l’homme dans un monde qui ne l’appartient point.
Au cinéma le 5 février 2020
María Montigneaux Muñoz