Arthur en terres royales
C’est à 2 pas du périphérique, en terres royales, au cœur de la cartoucherie du bois de Vincennes que « Le Roi Arthur » prend ses quartiers jusqu’au 23 septembre.
Un lieu mythique pour une légende, ancien centre de pyrotechnie installé en 1874, reconvertie en 1970 par Ariane Mnouchkine en lieu de création théâtrale avec la troupe du Théâtre du Soleil qu’elle a fondée avec Philippe Léotard en 1964, la cartoucherie est un site à part.
Proche de la capitale et tellement champêtre avec son centre équestre, elle n’en est pas moins un au lieu de vie culturelle de première importance en regroupant aujourd’hui pas moins de 4 théâtres.
C’est dans le mythique théâtre de l’épée de bois (Clin d’œil à Excalibur) que Jean-Philippe Bêche (Acteur, comédien de théâtre, auteur, metteur en scène) et sa « Compagnie du Rameau d’Or » ont, à l’invitation d’Antonio Diaz-Florian, posé leurs valises pour la rentrée afin de nous présenter « Le Roi Arthur », conte épique et tragique.
Le spectacle débute à l’extérieur, ce lieu gigantesque offre une sérénité incroyable car isolée du chaos de la ville. Dans un cadre verdoyant ponctué de bâtisses séculaires, se dresse le théâtre de l’épée de bois.
La scène, imposante, en pierres brutes d’époque est un écrin parfait pour le récit d’une légende.
Le metteur en scène ne s’y est pas trompé en jouant habilement avec les lumières offrant à l’envie des reflets obscurs ou un bain de rouge sang. Elles lui permettent également de scinder l’imposant espace ou cheminent les 10 comédiens.
Ainsi, les confidences inavouables ou l’expression des sentiments les plus violents sont accompagnés d’une atmosphère en adéquation.
Le spectateur est clairement transporté, les costumes, l’ambiance de vieille bâtisse accentuée par les voûtes présentes sont autant d’éléments hypnotisants.
Alors que l’on se trouve mis en situation, intervient la musique, LIVE s’il vous plait, jouée de main de maître par le 10ème comédien. La batterie est le principal instrument et lui permet à souhait de rythmer le texte et l’action.
Elle accentue à désir l’aspect dramatique, la force des propos ou les actions violentes et apporte, sans effacer l’ambiance ancestrale, une touche de modernité.
Pour parachever le tableau, de l’encens brule et empli la salle de ses effluves.
Le célèbre Merlin (dit l’enchanteur – incarné par l’excellent Jérôme Keen) fait, dans ce récit, office de maître de cérémonie. Fil rouge de la vie d’Arthur, il accompagne la pièce, ses personnages et intrigues avec une présence alternant entre le mystique et la bienveillance.
Le texte et l’interprétation sont d’un classicisme rappelant les grandes tragédies, tranchant avec la modernité brutale de la mise en scène.
Entre amour et haine, fidélité et trahison, « Le Roi Arthur » de Jean-Philippe Bêche nous rappelle combien la complexité de la nature humaine laisse le champ libre à de tels récits quasi fantastiques.
Un moment hors de la réalité, hors du temps, au cœur de notre cité dans ce qui aurait pu être, dans un autre monde, une annexe de Kaamelott.
Jusqu’au 14 Octobre 2018 (sauf les 27 septembre, 4 et 5 octobre)
Théâtre de l’épée de Bois
Cartoucherie de Vincennes
2 route du champ de manœuvres
75012 Paris
Cyril Perrain