Le musée des impressionnismes Giverny propose une exposition inédite consacrée à l’enfance dans la peinture impressionniste. Le visiteur est invité à se questionner sur la manière dont les grands maîtres tels que Monet, Renoir ou Pissarro, ont représenté leur famille et sur la place de l’enfant dans leurs œuvres, tout en entrant dans l’intimité des familles de ces peintres.
La révolution de l’impressionnisme passe par le quotidien. Ne plus être peintre des grandes occasions, des rois, des événements historiques, mais faire de sa pratique, de son savoir-faire, l’objet même de l’œuvre. Sortir du studio, peindre en plein air, sont les gestes primordiaux de cette révolution : mais on oublie souvent que les impressionnistes ont fait de leur vie – vie de famille avant tout – le sujet, l’objet d’étude même de leurs œuvres. Sous leurs yeux, il n’y a pas de modèle meilleur que la grâce et la vivacité de leurs propres enfants qu’ils voient grandir (Pierre-Auguste Renoir, Jean dessinant, (1894-1979 / 1901), ou parfois mourir. (Camille Pissarro, Jeanne Pissarro, dite Minette (1865-1874 / 1872)
Cette exposition dans ce lieu fondateur de la modernité picturale nous permet d’ avoir accès au plus près du quotidien, de l’ordinaire des familles de peintres impressionnistes, de connaître les traits de leurs enfants, leurs histoires, leurs épouses et nourrices (Claude Monet, Jean Monet dans son berceau (1867)et Albert André, Renoir peignant en famille (1901))
Et en même temps, la mise en parallèle d’un même motif si émouvant et fragile nous fait rentrer dans les formes, les styles, les pratiques si différentes de cette école-non école qu’est l’impressionnisme. Unité dans le sujet, différence dans les styles, les palettes, les lumières (Mary Cassatt, Baiser maternel (1891)et Quiétude (1891), Berthe Morisot, Le cerisier (1891), Eugène Boudin, Portrait de fillette, (1880).
Et tout à coup, cette période de l’histoire dont on croyait savoir à peu près tout et qui est rentrée dans le monde du spectacle, de la publicité, des médias, révèle encore une fois sa force de régénération figurative, stylistique et formelle. Que tout cela se passe sur des toiles qui sont affectées par l’émotion paternelle, familiale, est d’autant plus émouvant aujourd’hui.
Perrine Decker
Du 31 mars au 2 juillet 2023
Musée des impressionnismes Giverny, 99 rue Claude Monet, 27620 Giverny
ouvert de 10h à 18h (dernière admission 17h30) – sauf les 25 décembre et 1er janvier – fermé l’hiver les lundis, mardi et mercredi