Robert Ryman (1930-2019), peintre américain actif à New York dès la fin des années 1950, a consacré l’essentiel de son travail artistique à analyser les fondements de la peinture.
L’exposition présentée au Musée de l’Orangerie propose plus de 40 tableaux… blanc !
Blanc ? oui, des peintures blanches qui vibrent différemment selon le support (en majorité carré) choisi : comme le lin, la fibre de verre, le vinyle, la jute et le papier peint. Blanches comme les notes de musique qui, associées au noires, insufflent leurs sons… Ryman n’a-t-il pas été musicien de jazz ?
“Il n’a jamais été dans mes intentions de faire des peintures blanches. Le blanc était juste un moyen de mettre en relief d’autres éléments. Le blanc permet de rendre visibles les choses qui l’entourent.” Robert Ryman.
Limites et espaces
« il concentre ses recherches, de façon presque obsessionnelle, sur les spécificités propres à son medium, interrogeant la surface de l’œuvre, ses limites, l’espace dans lequel elle s’intègre, la lumière avec laquelle elle joue. Poussé par les possibilités infinies du médium, jouant sans cesse de la variation, Ryman pose sur la peinture un regard toujours en acte. Il convient dès lors de regarder sa peinture comme l’artiste nous incite à le faire : comme une peinture active, qui convoque tout autant le regard du peintre que celui de ceux à qui il s’adresse, c’est-àdire les visiteurs, ou plutôt les regardeurs ». Claire Bernardi, Directrice du musée de l’Orangerie
Peintre de la lumière
Plutôt que le peintre du blanc, Ryman est peintre de la lumière. Moment essentiel du processus de création, son éclairage rend visible l’œuvre, en créant des ombres ou des reflets et en soulignant toutes les variations de la peinture blanche. Les réflexions de l’artiste sur la surface et les limites de la peinture trouvent ainsi leur aboutissement dans son travail sur la lumière : c’est elle qui va accrocher la matière, révéler ses reliefs ou délimiter l’ombre d’un support sur le mur.
Ainsi, pour Ryman, la lumière est constitutive d’un tableau au même titre que tous les autres éléments matériels qui entrent dans sa composition : une œuvre n’est achevée que si elle est éclairée. Que ce soit sous un éclairage naturel ou artificiel, une mise en lumière douce et uniforme doit mettre également en valeur les œuvres et les murs environnants afin d’intégrer pleinement la peinture à son espace.
Après près de soixante ans de carrière en tant que peintre, Ryman met un terme à son activité artistique en 2011. Parmi ses dernières œuvres, il laisse dans l’atelier un ensemble de huit toiles sans titre, aux tonalités vertes, oranges, violettes et grises. La couleur, absente depuis ses premières expérimentations des années 1950, y fait son grand retour.
Du 6 mars au 1er juillet 2024
Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Place de la Concorde (côté Seine), 75001 Paris
Du lundi au dimanche de 9 h à 18 h – nocturne vendredi jusqu’à 21 h – Fermé le mardi
Photos : Véronique Spahis