Prix Jean Vigo 2024 : un cinéma d’avenir

Un film, c’est beaucoup plus qu’une œuvre d’art. C’est une parole et une parole cela vous engage”, selon le réalisateur français Jean Vigo (1905-1934). Le réalisateur français n’a en effet cessé de prôner l’importance sociétale du 7ème art ainsi que son indépendance.

Ces valeurs sont mises en avant par les auteurs-réalisateurs récompensés cette année pour des projets visant à ancrer le cinéma dans la réalité.

Le prix Jean Vigo, remis le 17 octobre dernier à 19h30 au centre Pompidou, encourage chaque année depuis 1951 les auteurs réalisateurs d’un court et d’un long métrage de production française.
Pour mémoire, Jean Luc Godard le reçut en 1960 pour A bout de souffle.

Plus de cent-dix films d’auteurs inédits ont été visionnés par les membres du jury, cette année présidé par la réalisatrice et comédienne Valérie Donzelli, et composé de Stéphane Batut, Catherine Bizern, Agathe Bonitzer, Julie Duclos, Leïla Férault, Charlotte Garson, Guslagie Malanda, Alain Keit, Jacques Kermabon, Quentin Mével et Gérard Vaugeois.
La sélection des courts et longs métrages s’effectue sur la base des informations données par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

Le Vigo d’honneur 2024 a été remis au réalisateur, scénariste et acteur palestinien Elia Suleiman : adepte du comique, cet hériter de Buster Keaton affecte une esthétique du silence et la suggestion. Par cette “distanciation” cinématographique, il propose un regard ironique sur les absurdités du monde.

Le prix Jean Vigo 2024 du Court métrage est attribué à Laïs Decaster pour son film Car Wash, au cours duquel sa sœur Auréa nettoie avec précaution sa voiture tout en livrant un discours émouvant et actuel sur les rapports homme-femme.
Ce documentaire de douze minutes est autoproduit par Laïs, qui avait déjà exploré ce genre depuis ses études à la Fémis, notamment avec le projet féminin Je ne suis pas malheureuse.

Une telle vitalité se retrouve également dans la réalisation de Louise Courvoisier, récompensée par le Prix Jean Vigo 2024 du Long-Métrage pour Vingt-Dieux. Cette réinterprétation du teen movie nous transporte dans la vie jurassienne de Totone, un adolescent qui se lance le défi de remporter un prestigieux concours de fabrication de comté à la mort de son père.
Ce prix est particulièrement significatif pour la réalisatrice qui a découvert Jean Vigo en option cinéma au lycée. Son travail avait déjà été primé ; étudiante, elle remporte le prix de la Cinéfondation au festival de Cannes 2019 pour son court métrage Mano à Mano (2018).

C’est donc des étoiles plein les yeux que nous quittons cette salle, assurés d’un cinéma puissant et dynamique pour demain. Notre “constellation” est entre de bonne mains !

Avec le partenariat d’Arte et du CNC

Joséphine Renart
photos : Prix Jean Vigo