Prix Gisèle Halimi 2024

Pour sa seconde édition, la cérémonie du Prix littéraire Gisèle Halimi, s’est tenue le 18 novembre dernier dans les salons de l’Hôtel de Lassay, résidence du Président de l’Assemblée nationale.

Lors de cette soirée littéraire, la vie de Gisèle Halimia été évoquée – par des lectures, des chansons, des extraits de pièces de théâtre – Zeiza Gisèle TAIEB épouse HALIMI, née à La Goulette, quartier juif de Tunis, avocate franco-tunisienne, écrivaine, diplomate, députée, était rebelle, révoltée, inspirante. Elle était aussi, comme elle se définissait elle-même, une avocate irrespectueuse.
Du Procès de Bobigny à celui d’Aix-en-Provence, en passant par le Manifeste des 343 où elle révélait avoir déjà avorté alors que c’était illégal, Gisèle HALIMI a consacré sa vie entière à la défense des droits des femmes, dont le droit à disposer de leur corps.
Ses combats pour les femmes faisaient écho à ceux d’un visionnaire de sa Tunisie natale, Habib BOURGUIBA, qui a doté les Tunisiennes du Code du Statut personnel le plus progressiste du monde arabe.
C’est notamment grâce à la détermination de Gisèle HALIMI que l’avocat n’est plus soumis dans sa prestation de serment « aux bonnes mœurs, à la sûreté de l’Etat et à la paix publique », ni au « respect dû aux tribunaux et aux autorités publiques ».
Gisèle HALIMI avait l’audace, l’art et la manière de transformer les tribunaux en tribunes pour changer la loi, les esprits et les mentalités. Tout au long de l’histoire, la littérature – comme le combat judiciaire – s’est avérée un moyen de premier ordre pour défendre et diffuser les idées d’égalité et de progrès.

Le prix Gisèle Halimi

Créé en 2023 par L’Association des Avocats franco-tunisiens – fondée par Maître Samia Maktouf – le Prix Littéraire Gisèle Halimi récompense l’autrice ou l’auteur d’une œuvre de fiction publiée en langue française, parue entre le 1 janvier 2024 et le 1er octobre 2024. L’ouvrage doit évoquer la force et le courage des femmes, le combat des femmes pour leur liberté. La dotation est de 3 000 €.

Le Jury 2024 était composé de : Samia MAKTOUF, Présidente du Jury, Avocate aux Barreaux de Paris et de Tunisie Ariane ASCARIDE, Actrice, comédienne Dominique ATTIAS, Ancienne Vice-bâtonnière de l’Ordre des Avocats de Paris, Razika ADNANI, Écrivaine, philosophe, Christian CHARRIÈRE-BOURNAZEL, Avocat, Ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris, Elie CHOURAQUI, Cinéaste, Annick COJEAN, Journaliste, écrivaine, Julie COUTURIER, Présidente du Conseil national des Barreaux, Nadia HAI, Ancienne Députée, ancienne Ministre, Bariza KHIARI, Ancienne Vice-présidente du Sénat, Margot GALLIMARD, Directrice de la collection littéraire « L’Imaginaire », Jeanne GRANGE, Directrice littéraire des éditions Calmann-Lévy, Aurélie JULIA, Directrice de la rédaction de La Revue des Deux Mondes, Jean-Yves LE BORGNE, Ancien Vice-bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Paris, Nadia MAROUANI, Conseillère dans les industries créatives, Estelle MEYER, Comédienne, autrice et chanteuse, Christophe RIOUX, Universitaire, journaliste à Lire/Magazine Littéraire, écrivain, Cécile TLILI, Écrivaine.

Le prix Gisèle Halimi 2024 a été décerné à Abnousse Shalmani pour son roman J’ai péché, péché dans le plaisir

L’histoire : Téhéran, 1955. A la suite d’une lecture de ses poèmes, le regard de Forough Farrokhzad (1934-1967), égérie des milieux littéraires iraniens qui n’a que vingt ans, est accroché par celui d’un jeune homme. Elle s’apprête à repousser les avances de Cyrus, ou la Tortue, comme elle le surnomme, et ignore qu’il va bouleverser son existence. Erudit, francophile, Cyrus lui traduit en persan les poèmes de Pierre Louÿs tout en lui racontant la vie du poète et celle de son grand amour, Marie de Régnier. A travers celle de Marie, Forough entrevoit la vie dont elle aurait rêvé. Grâcieuse, intelligente, perverse, la fille du grand poète José-Maria de Heredia est une des reines de la très libre Belle Epoque, tout Paris se l’arrache. Elle collectionne amants et maîtresses, publie sans cesse et s’amuse dans les salons les plus prestigieux. La poétesse iranienne, elle, mariée à 16 ans à un artiste sans fantaisie, est bridée par sa famille, son militaire de père et les mœurs de son pays. Tout le monde s’épie, tout se sait. Mais Forough ne sait qu’être libre et provoque scandale sur scandale au fil de la parution de ses recueils. Elle célèbre la chair, la vie, l’émancipation et ne se renie pas. Toute son existence, Forough cheminera avec l’histoire de Marie de Régnier et de Pierre Louÿs au cœur, au point de venir à Paris avec Cyrus, sur les traces des deux amants et de leur cohorte d’amis, Claude Debussy, Marcel Proust, Léon Blum, Liane de Pougy et Nathalie Clifford-Barney. Sa mort tragique, à 32 ans, mettra un terme à son œuvre d’une immense intensité, qui en fait sans aucun doute la plus grande poétesse de l’Iran contemporain. Dans ce roman puissant et subtil, au rythme effréné, Abnousse Shalmani met en regard les vies extraordinaires de ces deux écrivaines qui firent toujours le choix de la passion, amoureuse, poétique ou purement sensuelle, au risque de s’en brûler les doigts. Une ode très contemporaine à la liberté artistique et à celles qui ne renoncent jamais, en Occident comme en Orient.

L’auteur : Née à Téhéran en 1977, Abnousse Shalmani s’exile avec sa famille à Paris en 1985, à la suite de la révolution islamique. Après un début de carrière dans le journalisme et le cinéma, elle revient à sa passion pour la littérature et signe plusieurs livres remarqués chez Grasset : Khomeiny, Sade et moi (2014), Les exilés meurent aussi d’amour (2018, Livre de poche 2020), et Eloge du Métèque (2020, Livre de poche 2021). Elle tient une chronique régulière dans L’Express et dans l’émission « Partis pris » sur la chaîne LCI.

Photos : Véronique Spahis