Sur le chemin de la réminiscence
Œuvre littéraire culte, le roman de Marcel Proust a été de nombreuses fois porté au théâtre. Cette fois-ci, c’est seul en scène que David Legras nous propose une version d’A la Recherche du Temps Perdu, dans une mise en scène de Virgil Tanase.
A travers de nombreux extraits, brefs ou longs, David Legras nous fait vivre des souvenirs tels que la fameuse madeleine de Tante Léonie et le coucher à Combray. L’interprétation est subtile, elle nous faire redécouvrir la richesse du texte de Marcel Proust, sa vision du monde. Il nous entraine dans les images des souvenirs et le mécanisme de la mémoire.
La mise en scène est simple et efficace. Le moindre objet, le moindre silence ou le moindre bruit sont porteurs de sens, tel le crissement d’une voiture d’enfant. Tout de blanc vêtu David Legras apparait sur scène, une valise à la main. Un voyageur quelque peu dandy, arrivant d’un pas feutré, dans une pièce aux meubles recouverts de draps blancs. Au fil de la pièce, nous comprenons que cet espace familier nous renvoie à un espace mental dans lequel nous sommes invités à voyager. Une sorte de machine à remonter le temps, à la recherche des souvenirs enfouis et oubliés. Puis les draps blancs s’envolent, telles des poussières sur les souvenirs et laissent renaitre la mémoire du passé et se révéler des trésors poétiques.
Il se dégage de l’interprétation de David Legras une beauté, une grâce et une grande délicatesse, non sans un trait d’humour. Le rythme lent rappelle la douceur du temps qui passe, celle d’une belle journée d’été par exemple. Une superbe interprétation pleine de précision et d’émotion.
David Legras nous sert ainsi avec simplicité et fluidité, la complexité de l’œuvre proustienne, grâce à une diction parfaite, et une posture très expressive. Les réminiscences s’entremêlent et donnent la vie à ce délicat spectacle. Les images du souvenir, choisies et assemblées selon la logique d’un puzzle merveilleux, ouvrent une porte inédite sur l’un des plus éblouissants monuments de la littérature moderne.
Joué au Théâtre du Lucernaire en 2003 et repris en 2004 au Lucernaire, “À la Recherche du Temps Perdu” est à l’affiche du Théâtre de la Contrescarpe.
Valérie Baudat
photos : Fabienne Rappeneau
Jusqu’au 30 mars 2020 – Dimanches à 20h30 et lundis à 21h
Théâtre de la Contrescarpe
5 rue Blainville
75005 Paris