Alsace. Rêver la province perdue, 1871-1914

À la suite de la guerre de 1870-1871, la France est contrainte de céder l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Allemagne. Durant quarante-sept ans, ces territoires, désignés désormais comme les « Provinces perdues », vont faire l’objet en France d’un culte du souvenir. À l’occasion du 150e anniversaire du traité de Francfort (10 mai 1871), l’exposition retrace la manière dont s’est construite durant près d’un demi-siècle, l’image de ce territoire « arraché à la mère-patrie ».

Partant de Jean-Jacques Henner, et de son tableau iconique, L’Alsace. Elle attend (1871), l’exposition offre un regard inédit sur cet imaginaire, peuplé de représentations pittoresques, historiques et patriotiques, qui a inspiré les artistes et marqué la culture visuelle française de la fin du XIXe et du début du XXe siècles.

À travers peintures, sculptures, objets d’arts, affiches, gravures, bijoux, qui montrent la fécondité de ce thème, le visiteur est invité à découvrir la silhouette mélancolique de l’Alsace au grand nœud noir, mais également à s’interroger sur la part de mythe, voire de propagande, que cette figure incarnait alors.

« Pensons-y toujours, n’en parlons jamais », Léon Gambetta

La phrase de Gambetta, prononcée lors de son discours de Saint-Quentin en novembre 1871, traduit parfaitement l’attitude de la France au lendemain de la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. En effet, la défaite de 1871 et ses conséquences engendrent dans l’opinion publique un véritable traumatisme. Les provinces, que l’on qualifie désormais de « perdues », deviennent un emblème autour duquel se forge une conscience nationale.

Dans le domaine artistique, la vision pittoresque de l’Alsace se double désormais d’une image de douleur et de recueillement qui convoque les mêmes éléments iconographiques incontournables : la figure de l’Alsacienne coiffée du grand nœud (devenu uniformément noir en signe de deuil), à laquelle sont adjoints des symboles patriotiques et républicains tels que la cocarde ou le coq.

L’espoir du retour de l’Alsace-Lorraine dans le giron national est également entretenu jusqu’au début du XXe siècle par une importante production d’objets qui, plus encore que les œuvres, participent à la diffusion et à l’entretien du souvenir (bustes d’Alsaciennes, jouets, manuels scolaires, cartes postales, etc.).

Une exposition dans un écrin historique :

Le musée national Jean-Jacques Henner a la particularité d’être installé dans l’ancienne demeure du peintre-décorateur Guillaume Dubufe (1853-1909). Son architecture est typique des hôtels particuliers de la Plaine Monceau de la fin du XIXe siècle. Il présente donc le double intérêt d’être à la fois un musée de peinture consacré à un grand artiste, et de par son architecture et son histoire, le témoignage d’un pan oublié de l’histoire de Paris. Le visiteur est ainsi invité à découvrir l’univers fascinant et intime de Jean-Jacques Henner (1829-1905) tout en goûtant le charme d’un lieu magique chargé d’histoire(s).

Plusieurs événements sont prévus tout au long de l’exposition dont La Saint Nicolas :

Des rendez-vous festifs sont organisés pour célébrer la Saint-Nicolas et préparer Noël. Le jardin d’hiver du musée se transforme en marché de Noël pendant le week-end du 4 et 5 décembre (13h-17h) : au programme des stands de livres, vin chaud et bredele, objets d’art et artisanat. 

A 13 h et 17 h : Atelier enfants « Décors de Noël »
Du choix de la forme, jusqu’à celui des couleurs ou du ruban, les enfants sont invités à venir créer leur suspension de Noël

Dimanche 5 décembre à 16h : Concert spécial « Saint Nicolas » – En partenariat avec l’École normale de musique de Paris-Alfred Cortot : Emi Kazuin, Chant : Pengkun Yang (Ténor), Andreï Zhdanov (Baryton), Yiran Jia (Baryton-basse), Mone Kusaka (Mezzo), Mone Kitashiro (Mezzo), Anastasia Staizy (Soprano). 

du 6 octobre 2021 au 7 février 2022

Musée Jean-Jacques Henner, 43 Avenue de Villiers, 75017 Paris

tous les jours de 11h à 18h, sauf mardi et certains jours fériés. reservation@musee-henner.fr

photos : Véronique Spahis