Depuis 2007, le programme Audi Talents accompagne et soutient des artistes émergents dans un projet en mettant à leur disposition, pendant un an, les moyens financiers, artistiques, humains et médiatiques nécessaires à la conception de leur projet. En 2018 c’est ainsi Marielle Chabal, Grégory Chatonsky et Léonard Martin qui ont été sélectionnés par le jury, composé de Paula Aisemberg, Christophe Chassol, Vittoria Matarrese et Felipe Ribon. C’est au Palais de Tokyo que les trois artistes exposent en ce moment même leurs œuvres, sous le commissariat de Gaël Charbau.
Les projets ne doivent pas nécessairement avoir de point commun, mais cette année un thème général se dégage, c’est pourquoi l’exposition a été nommée alt+R Alternative Réalité. Les trois artistes, dans leur travail, ont proposé des lectures différentes de notre monde, en proposant des réalités alternatives.
L’exposition débute sur le projet de Grégory Chatonsky, dénommé Terre Seconde. Spécialiste des nouvelles technologies, artiste chercheur, il s’est intéressé au « deep learning ». Chatonsky a recréé un monde avec l’aide de l’intelligence artificielle. Terre Seconde est une terre de remplacement, qui invente ses propres paysages, ses organismes, ses possibilités technologiques à partir d’une banque d’images très importante. L’artiste réalise un très beau travail car il est difficile de traduire plastiquement ce genre de technologie, et rien n’est laissé au hasard.
On fait ensuite un saut dans le temps avec le projet de Marielle Chabal en pénétrant dans Al Qamar en 2024, une ville en Palestine. C’est un monde utopique, où chaque individu a une fonction bien particulière. L’œuvre se sépare en deux parties : la première avec les maquettes d’architecture de la ville, chacune ayant sa fonction : centre de clonage, morgue, dortoir…, et la deuxième est un film où les personnages incarnent ces mêmes bâtiments. Comme Chabal l’explique durant la visite, le projet est une critique de société. Les occidentaux installés à Al Qamar étaient d’abord anticapitalistes et pourtant ont fini par construire une ville sur le modèle d’endroits comme Dubaï.
Finalement, on arrive à l’installation de Léonard Martin, intitulée Picrochole Le rêve de Paul. Martin réinterprète le tableau de la Bataille de San Romano, de Paolo Uccello. On retrouve les marionnettes géantes du film projeté au fond de la salle, qui recrée la bataille en taille réelle dans les jardins de la Villa Médicis à Rome. Martin crée en quelque sorte un jeu vidéo de cette bataille, et on retrouve même les graphismes du décor du tableau dans l’habillage des marionnettes.
Talia Gaudé
Jusqu’au 14 juillet 2019,
Palais de Tokyo,
13 Avenue du Président Wilson
75016 Paris
Ouvert tous les jours de midi à minuit, sauf le mardi.