Anker et l’enfance

Il y a vingt ans La Fondation Pierre Gianadda avait présenté la première rétrospective d’Albert Anker (1831-1910) en Suisse romande après celle organisée à Neuchâtel en 1910, l’année de son décès.

Cette nouvelle exposition permet de redécouvrir l’œuvre de l’artiste avec le thème de L’enfance, sujet dans lequel il excellait. Préparée longtemps en amont et souhaitée par Léonard Gianadda – décédé en décembre dernier – sous le commissariat de Matthias Frehner et Regula Berger – on y retrouve 120 tableaux provenant de plusieurs collections privées et publiques internationales.

Anker et l’enfance

La parcours de l’exposition est découpé en huit chapitres : Genre historique, Histoire contemporaine -de Napoléon à la guerre franco-allemande, Genre contemporain-la vie au village, Enfants dans la nature, Garde d’enfants à domicile -les tout-petits chez les grands parents, Tout-petits à la crèche, Frères et sœurs, Jouer et apprendre.

Autant de moments saisis dans l’instant – alors que l’artiste mettait en scène ses jeunes modèles – comme autant de scènes représentatives de la vie des enfants au fil des saisons et des expériences qui les jalonnent.

Peintre de l’enfance


Dans la peinture européenne du XIXe siècle, Anker est l’un des plus importants créateurs de représentations enfantines. Il a peint environ 600 huiles, dont plus de 250 tableaux d’enfants, seuls ou en groupe. Dans Knöchelspiel, de 1864, il peint des enfants jouant aux osselets, un jeu de groupe qui leur permet l’acquisition de compétences pour leur vie future au sein de la société. La Petite Fille aux Dominos reflète une concentration quasi-adulte de l’enfant, tout en préservant la fraîcheur de son âge.

Le talent d’Anker restitue le charme simple et attachant d’un regard juvénile. La sensibilité du peintre ressort de ses portraits d’enfants rêveurs ou graves, dont l’innocence nous interpelle. L’artiste nous renvoie au temps où nous étions nous-mêmes des « petits ».

Le monde des enfants d’Anker montre le changement éducatif en Europe au XIXe siècle, tel que nous le rencontrons dans l’esprit humaniste des Suisses Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827). L’œuvre d’Anker le raconte au travers de nombreuses représentations d’élèves au tableau noir, tenant une plume, lisant ou portant une ardoise. C’est un gros progrès par rapport aux générations précédentes d’enfants, placés dans les garderies des fabriques où travaillaient leurs mères. Ce n’est qu’en 1874 que l’enseignement primaire obligatoire est ancré dans la Constitution suisse.

Albert Anker (1831 – 1910)

Albert Anker, né le 1er avril 1831 et mort le 16 juillet 1910 à Anet (canton de Berne), est un illustrateur et peintre suisse. On l’appelle souvent le « peintre national » de la Suisse en raison de ses représentations populaires de la vie rurale de son pays au XIXe siècle.

Anker développe, à un âge précoce, ses talents artistiques de dessinateur, bien avant qu’il ne commence sa formation à Paris en 1854 dans l’atelier du peintre suisse Charles Gleyre. Entre 1855 et 1860, il suit les cours de l’École nationale supérieure des beaux-arts – Il installe ensuite un studio dans la maison de ses parents et participe régulièrement à des expositions en Suisse et à Paris. Anker épouse, en 1864, Anna Rüfli, de Langnau. Le couple a six enfants dont deux meurent très jeunes, les quatre autres Louise, Marie, Maurice et Cécile apparaissent dans certaines de ses peintures.

Du 1er février au 30 juin 2024

Fondation Pierre Gianadda, Rue du Forum 59, 1920 Martigny (Suisse)

Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00

http://www.gianadda.ch/  

reportage : Véronique Spahis