Anselm Kiefer, Pour Paul Celan

L’exposition Anselm Kiefer, Pour Paul Celan, se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne. Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer, « Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ». Les peintures de Pour Paul Celan sont posées dans l’espace dénué de scénographie classique et de cimaises, sans chronologie, comme les mémoires non traitées de notre existence humaine.

Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère, à l’invitation de la Rmn – Grand Palais pour un projet inédit.

La disposition des œuvres propose un parcours libre – où nous nous sentons tout petit face aux œuvres monumentales, remettant en question notre condition d’être humain face au temps, à l’Histoire – à chacun de suivre et poursuivre ce parcours sinueux et entamer « son » dialogue avec les œuvres. (un petit guide est mis à disposition à l’entrée).

Avec Pour Paul Celan, Anselm Kiefer poursuit son travail sur la mémoire européenne dont la France et l’Allemagne sont les grands acteurs. Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande, Paul Celan.

L’œuvre de Paul Celan a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer, depuis l’adolescence et la découverte du poème « Todesfuge » (« Fugue de mort »), dont voici le début :

« Lait noir de l’aube nous le buvons le soir

le buvons à midi et le matin nous le buvons la nuit

nous buvons et buvons

nous creusons dans le ciel une tombe là on n’est pas serré

Un homme habite la maison lui joue avec les serpents il écrit

il écrit quand il va faire noir en Allemagne tes cheveux d’or Margarete

écrit ces mots s’avance sur le seuil et les étoiles tressaillent il siffle ses grands chiens

il siffle il fait sortir ses juifs et creuser dans la terre une tombe

il nous commande allons jouez pour qu’on danse

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

te buvons le matin puis à midi nous te buvons le soir

nous buvons et buvons

Un homme habite la maison lui joue avec les serpents il écrit

il écrit quand il va faire noir en Allemagne tes cheveux d’or Margarete

Tes cheveux cendre Sulamith nous creusons dans le ciel une tombe là on n’est

pas serré (…) »

Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement.

commissariat : Chris Dercon, Président de la Rmn – Grand Palais

du 16 décembre 2021 au 11 janvier 2022

Grand Palais Éphémère, Place Joffre, 75007 Paris

tous les jours de 10h à 19h – nocturne jusqu’à 21h les vendredi et samedi (sauf les 24 et 25 décembre : fermeture à 19h)

photos : Véronique Spahis