Dans cette nouvelle exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe, 18 artistes proposent une représentation de leur manière de réaliser de l’arabo futurisme. Le futurisme arabe mélange science-fiction et monde arabe pour formuler une critique à l’égard d’un présent déconcertant avec un projet qui mène à décoloniser l’avenir.
L’exposition s’organise comme la visite d’un vaisseau spatial où les artistes s’expriment avec humour, sarcasme, interrogation et scepticisme. Les questions de genre, d’hybridité, d’écologie, de culture, d’exil sont abordées.
L’Institut du Monde Arabe dédie tous les deux ans une saison aux nouvelles créations afin d’apporter une vision globale et mélanger les pratiques. Ce projet étonnant débuté en 2022 apporte un point de vue nouveau à l’institut.
Dans cette présentation, les territoires ne bougent pas mais sont narratifs à travers les œuvres des artistes toutes singulières et différentes. Ils nous invitent à découvrir une palette des futurs possibles sur comment nous sommes amenés à projeter le futur et comment nous sommes programmés à le déconstruire.
Ces rencontres amènent espoir à travers ces techniques diverses qui proposent des mélanges inattendus.
Les artistes mixent imaginaires personnels avec esthétique populaire afin de réaliser ces futurs programmés.
En cherchant à questionner notre monde actuel ils créent de nouveaux univers parallèles par le biais de la science-fiction et des environnements immersifs. En effet, en nous invitant à rêver du monde de demain ils appliquent un questionnement sur le présent et cherchent à le transgresser.
Nous pouvons retrouver à l’entrée de l’exposition, une grande peinture réalisée par Gaby Sahhar, artiste qui joue entre la peinture, l’installation et la vidéo. Iel soulève les questions d’identité et d’hybridité à travers un combat contre les injustices et mauvais jugements. Iel présente la vision que les migrants peuvent avoir lorsqu’ils arrivent dans des grandes villes comme Paris ou Londres. L’artiste enlève tout genre à ses personnages et met en scène la peur du terrorisme omniprésente des occidentaux par le biais du sac souvent oublié dans les métros et suspecté de cacher une bombe.
Sara Sadik est une artiste française d’origine marocaine et algérienne qui met en place dans ses œuvres, des univers parallèles où elle présente des personnages dit de « quartiers populaires ». Elle se qualifie comme artiste « beurcore », qu’elle définit comme culture de la jeunesse des quartiers. Elle réalise ici une anthropologie du territoire, dénonce les failles et dresse une satire de la société en mettant en avant l’autosuffisance et l’autonomie de ces quartiers.
À travers une atmosphère intrigante qui mélange déviation du passé et futurs irréel, les artistes s’interrogent sur guerres et paix, ils luttent contre la domination occidentale avec ces visions utopiques et dystopiques mises en place. Ils nous invitent à explorer des espaces temps par le biais de témoignages.
Les artistes nous rappellent que la culture du monde arabe est puissante et ne vit pas à travers la vision du monde occidental. Ils cherchent à déconstruire le futur prévu par notre présent et à soulever ces questions d’identité, de migration et de ségrégation.
Une exposition impactante qui appelle à la réflexion et la contemplation par l’émancipation.
Eugénie Van Rijn
Du 23 avril au 27 octobre 2024
L’Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Place Mohammed V, 75005 Paris
Du mardi au vendredi de 10h à 18h – samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 19h
Fermé le lundi