Victor Brauner, artiste en constante recherche de symbolique forte, participait à l’effervescence des artistes à Bucarest. Elève aux Beaux-Arts, il présente toutes les qualités du surréalisme sans pour autant se définir comme tel “ (…)Mais qu’on ne me dise pas que je suis un peintre surréaliste”. Son œuvre retrace son parcours de vie : après une jeunesse en Roumanie, il rencontre l’univers des surréalistes, et rend compte, à travers son œuvre, de la période de la seconde guerre mondiale. Sa recherche picturale tend à aller au-delà du surréalisme.
L’exposition révèle au public une diversité de thèmes avant-gardistes (expressionnisme, constructivisme et dada) qui correspondent à son caractère indépendant qui s’exprime également dans les différents matériaux qu’il utilise : bois, peinture à l’huile, plâtre, coton.
Son trait ne manque pas de diversité, tantôt appuyé, tantôt léger. Néanmoins, tous ces éléments répondent à une qualité commune : le discernement des réalités.
Victor Brauner s’attache, dans toute son œuvre, à rendre visible l’invisible. Il porte l’influence de beaucoup d’artistes : Dalí, Marcel Duchamp, le douanier Rousseau, Picasso, Caravage, Leonard de Vinci.
Parallèlement à cela il étudie la symbolique Maya, notamment les tracés naïfs, les symboles de l’ésotérisme, l’utilisation des couleurs vives, l’étude de la vie et de la mort, les tracés imitant l’art de la ville de Bonampak au Mexique et la représentation de l’homme comme un demi-dieu. Un mot pour qualifier son œuvre : diversité !
Une série de travaux qui plonge dans la conscience de l’homme, pour le faire réfléchir au sens caché des réalités, aux non-dits, aux tabous, aux différents régimes politiques.
Le vocabulaire de l’image forme un système métaphorique, bien plus efficace qu’un discours dénonçant des faits de sociétés.
L’œuvre Les frontières noires de la guerre illustre très bien les spécificités évoquées auparavant, notamment dans son œuvre Fascination qui porte la trace du Caravage dans l’image de la bête et de Leonard de Vinci avec sa technique du sfumato. Une œuvre qui utilise la représentation mythologique pour mettre en avant l’âme de la femme représentée sous la forme d’un cygne prêt à combattre intellectuellement une chimère.
Parallèlement à cela, l’œuvre star de l’exposition : Cérémonie, illustre avec splendeur l’influence maya, la symbolique de la vie et de la mort, la présence d’hommes déshumanisés, convertis en instruments divins. Un tableau qui semble être sorti d’un rêve où la vérité est davantage mise en avant que la logique.
Une exposition faite pour les aventuriers de l’image qui prendront un grand plaisir à découvrir ce monde Braunerien, trop longtemps occulté au grand public.
Rosalba Palozzi di Tucci Savo.
du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021
Musée d’art moderne de la ville de Paris, 1 Avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Ouvert de 10 h à 18 h tous les jours, sauf le lundi.
Potos : Véronique Spahis