Au Funambule, Le nectar des dieux se boit comme du petit lait

C’est l’histoire d’une boisson peu commune qui a fait tourner plus d’une tête : le vin. « Boire du vin c’est boire du génie » disait Baudelaire. Ce breuvage aurait-il donc des propriétés si exceptionnelles qu’il serait l’œuvre des Dieux, leur nectar ?

Hugo Klein et François Piel-Julian, au travers d’une petite pièce comique d’une heure, retracent les origines du vin en France et dans le monde. « Tout est vrai » préviennent-ils. Le vin a traversé les époques : des grecs en passant par les romains, jusqu’aux Rois de France ou même le Pape, chacun a bu dans le même verre !

Alors que la modération semble aujourd’hui de mise, Pline l’ancien affirmait au 1e siècle ap. JC que « l’Homme doit au vin d’être le seul animal à boire sans soif ». Nous boirions donc pour notre unique bon plaisir.

A travers un dénommé « Michel », un ami qui vient de les quitter, les deux compagnons de taverne qu’interprètent les deux acteurs, entreprennent de raconter une épopée ; l’histoire de ce vin qui fascine autant qu’il divise, notamment lorsque la fatidique question arrive : « est-il bon ? »

A chaque époque son « Michel » : ingénieux lorsqu’on lui confie le vin bourguignon, créatif lorsqu’il s’accommode de l’apparition du tonneau, visionnaire lorsqu’il voit dans la réduction de la production en France, une manière de l’améliorer et d’augmenter ses prix.

Vin sur vin ?

On rit sans trop se forcer dans cette petite comédie bien sympathique qui fait défiler devant nous toutes les spécialités de vins français. L’on passe du blanc au rouge à la fameuse invention du rosé – qui n’est toujours pas un mélange des deux couleurs, sachez-le.

Entre deux anecdotes historiques, les gags fusent. L’histoire du vin, c’est avant tout une affaire d’échanges. Plusieurs scénettes tournent ainsi autour des italiens, dépeints en marchands de vins véreux ; d’autres caricaturent les allemands, affublés d’un palais aussi fin que leur flair… Les anglais, « nos ennemis », y prennent aussi pour leur grade. L’on apprend que plusieurs fois, notre bon « Michel » tricolore, les a bernés dans leurs recherches de bons cépages.

Entre deux cours de géopolitique arrosés, les deux acteurs, parfaitement complémentaires, dressent également une sorte d’inventaire digne d’un almanach du bon soiffard. Tout le jargon du petit Bar-PMU du village – ouvert même le dimanche ! – y passe. De la première « cuite » au très célèbre chant il est des nôtres entonné dans nombre de fêtes aujourd’hui, les acteurs s’amusent à imbriquer ce champ lexical particulier au sein de leur fresque historico-vigneronne.

Un spectacle savoureux qui sait faire rire, rarement vulgaire et avec une profondeur historique notable.

Gabriel Moser

Du 10 juillet au 1er septembre

Funambule Montmartre, 53 rue des Saules, 75018 Paris.