« Belles ! Belles ! Belles ! Les femmes de Niki de Saint Phalle »
Après les Tirs, il y a quelques années, la galerie Vallois présente « Belles ! Belles ! Belles ! Les femmes de Niki de Saint Phalle ». Autour de la thématique centrale pour Niki de Saint Phalle de la représentation du corps de la femme, dans la société de consommation des années 60-70, une sélection d’une vingtaine d’œuvres parmi les plus emblématiques des années 60 et 70, des plus célèbres Nanas aux singulières sculptures-reliefs, sont montrées.
De ces années 60 dont elle pointe la violence politique et sociale, Niki de Saint Phalle dénonce très vite les représentations conventionnelles et les clichés conservateurs à l’encontre des femmes : la femme sorcière, la jeune mariée engoncée dans sa robe de cérémonie étouffante, la femme accouchant dans la douleur… Elle montre et dit la souffrance des femmes dans les rôles ancestraux qui leur sont assignés. Ce sont des œuvres sombres et profondément critiques auxquelles succède dès 1965, toute violence alors libérée, la série des Nanas. Là, le corps de la femme s’émancipe par la grâce de matériaux ordinaires, de résine, de polyester peints, de vinyles colorés, et l’artiste réalise ces « formes femmes » exubérantes, girondes, monumentales, jubilatoires, ironiques, puissantes, à l’aise en leur majesté glorieuse et démesurée.
Si Niki de Saint Phalle dit enfin que la femme est un corps libre, avec ses jambes, ses bras, son sexe, sa tête, occupant un espace à la fois sien et public, et peut-être utopique, elle laisse, dès le début des années 70, apparaître la figure ambivalente et inquiétante de la femme mère dévorante, dont Madame ou Nana verte au sac est, en 1968, la précurseure.
Niki de Saint Phalle :
Niki de Saint Phalle naît le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine. Elle vit et grandit à New York avec ses parents, sa mère étant américaine et son père français. À l’âge de 18 ans, elle s’enfuit avec Harry Matthews, futur écrivain, qu’elle épouse en 1950. Elle débute alors, pour gagner sa vie, une carrière de mannequin et fait la une de magazines de mode comme Vogue et Life. Au début des années 50, le jeune couple voyage en Europe (Espagne, France, Italie). Niki étudie le théâtre à Paris. Une grave dépression nerveuse oblige en 1953 la jeune femme à interrompre toute activité. Elle trouve dans la peinture l’instrument de sa guérison et décide de devenir artiste. À la fin de cette décennie, de retour en Europe, Niki de Saint Phalle est fascinée par le travail architectural d’Antonio Gaudí, à Barcelone, pour le parc Güell. À Paris, elle visite le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, où elle découvre les œuvres de ses contemporains américains : Willem de Kooning, Jackson Pollock, Robert Rauschenberg, Jasper Johns. Elle est aussi marquée par Klee, Picasso et Matisse, et profondément influencée par sa rencontre avec Joan Mitchell. En 1960, elle rencontre Jean Tinguely dont elle partagera la vie désormais. C’est également les débuts d’une longue et fructueuse collaboration artistique à deux : le projet Hon/Elle, de Niki de Saint Phalle, en 1966, monumentale Nana éphémère pour le Moderna Museet de Stockholm ; le Paradis fantastique pour le pavillon français de l’Exposition internationale 1967, à Montréal, le Cyclop (1969-1994) de Jean Tinguely, à Milly-la–Forêt, le Jardin des Tarots imaginé par Niki et installé en Toscane, à partir de 1979, ou encore la Fontaine Stravinsky, en 1982, à Paris. En 1961, Niki de Saint Phalle est invitée par Jacques Villeglé à exposer au Salon Comparaisons (Paris), où elle montre Portrait of My Lover. Le 12 février de la même année, elle organise la première de ses douze actions de tirs. Ces Tirs l’imposent sur la scène artistique française et internationale. Soutenue par Pierre Restany et Pontus Hultén, elle intègre le mouvement des Nouveaux Réalistes, seule femme de ce groupe qui réunit, entre autres, Arman, Christo, Yves Klein, Tinguely et Villeglé. Elle a sa première exposition personnelle à la galerie J, dirigée par Jeanine de Goldschmidt (femme de Pierre Restany), puis, en 1962, à New York chez Alexandre Iolas et à Los Angeles à la Dawn Gallery.
À cette époque, l’artiste est engagée dans le grand chantier de sa vie, le parc de sculptures du Jardin des Tarots (en Toscane), dans lequel elle vit et travaille de façon intermittente pendant près de vingt ans. En 1994, pour des raisons de santé, Niki de Saint Phalle s’installe à La Jolla, en Californie. Cette même année, elle publie Mon secret dans lequel elle révèle avoir été violée par son père à l’âge de 11 ans. En 1973, elle avait déjà évoqué dans le film Daddy, qu’elle écrit et réalise, les relations avec son père. Politiquement engagée, Niki de Saint Phalle travaille dans les années 2000 à la série Black Heroes, hommage à la lutte pour les droits civiques des Noirs américains. Tout comme elle s’engage dans la lutte contre le sida. En 2001, Niki de Saint Phalle fait une importante donation de ses œuvres au musée d’Art moderne et contemporain de Nice (MAMAC) et à celui de Hanovre en Allemagne. Niki de Saint Phalle décède le 21 mai 2002, à San Diego, Californie.
Jusqu’au 21 octobre 2017
Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois
33 et 36, rue de Seine
75006 Paris