Cabinet de Curiosités au MusVerre

Sous ce titre Cabinet de curiosité, le MusVerre présente les différentes facettes du cabinet de curiosités, réinterprétées par le verre contemporain : du monde microscopique aux ménageries surdimensionnées, en passant par une incursion sous l’océan ou au milieu d’une flore exubérante où grouillent les insectes… jusqu’aux Vanités rappelant l’implacable finitude.

En guise de préambule, avant d’entrer dans la salle de l’exposition est présentée « La pharmacopée », un ensemble provenant de la pharmacie Heuclin, créée à Sars Poteries en 1898 par Thémir Heuclin, descendant de verriers. Ces bocaux de verre bleu, décorés d’étiquettes en porcelaines estampillées de noms scientifiques parfois mystérieux, nous transportent dans une autre époque… telle celle du 19ème siècle où l’explosion des recherches scientifiques permet la classification des espèces, le déploiement des recherches géologiques ou archéologiques… où les sociétés savantes œuvrent pour la conservation et la classification des artefacts des cabinets de curiosités… et où de nouvelles institutions muséales apparaissent et abritent de nombreuses pièces ethnologiques.

Nous voici (pré-)paré à entrer au sein du Cabinet de curiosité et à voyager dans différentes thématiques.

« Le cabinet de curiosité est un microcosme… au sens de résumé du monde, (…) un abrégé de la nature entière » Antoine Schnapper

Herbier secret

La classification des espèces végétales a toujours été au cœur des préoccupations des collectionneurs de curiosités. La création du Jardin royal des plantes médicinales au 17ème siècle encourage d’ailleurs la recherche sur les végétaux et leur conservation. Le matériau végétal est une vaste source d’inspiration pour les artistes, de l’onirisme (Julie Gonce), au réalisme (Lilla Tabasso).

Insectes et compagnie

Comme pour les végétaux, les collectionneurs d’antan cherchaient à classifier le règne des insectes et en conservaient de très nombreux spécimens, ce qui est toujours le cas dans les musées d’histoire naturelle. Les artistes contemporains s’approprient ce monde entomologique, de manière scientifique (Vittorio Costantini) ou plus ludique (Jan Fabre), voir effrayante (Nataliya Vladychko).

Minuscules

À l’état naturel, les diatomées, organismes unicellulaires planctoniques, produisent du verre grâce à la silice. Cette étonnante découverte a été expérimentée par Lucile Viaud et Stéphane Rivoal, dont le travail de recherche est en partie exposé. D’autres artistes représentent des cellules (Anne-Lise Riond-Sibony), agrandissent exagérément des virus (Bernd Weinmayer) ou évoquent l’univers des micro-organismes (Kim Kototamalune).

Sous l’océan

Au 19ème siècle, Léopold et Rudolf Blaschka, verriers tchèques, réalisent au chalumeau des centaines de modèles biologiques d’un grand réalisme. Leurs invertébrés marins sont notamment vendus aux musées, aquariums et universités pour servir de modèles d’étude. Aujourd’hui, l’océan continue de fasciner les créateurs, qui cherchent à reproduire la beauté des fonds-marins (Hanneke Fokkelman), la magie des abysses (Yves Chaudouet), ou encore créent d’inquiétants monstres marins (Jaromir Rybak).

A poils et à plumes

Au 16ème siècle, il en fallait peu pour enflammer les imaginaires ; ainsi les défenses de narval se muaient-elles en cornes de licorne, et les couvées fossilisées des dinosaures en œufs de dragon. Le thème de la monstruosité était également très présent, les collectionneurs prisant particulièrement le difforme, le grotesque et le bizarre. Certains artistes contemporains (Koen Vanmechelen, Jean-Marie LeGoff ou encore Marta Klonowska) n’hésitent pas à réinvestir le thème de ces créatures extraordinaires, au prisme de l’hybridation et du fantasmagorique.

Memento Mori

La notion de Vanité, évoquant de manière symbolique la destinée mortelle de l’Homme, invite à réfléchir à la futilité des plaisirs de ce monde. Devenues un genre de la peinture à part entière au 16ème siècle, ces natures mortes trouvaient très souvent leur place au sein des cabinets de curiosités des collectionneurs en Europe. Une nature morte d’Elliot Walker acquise par le musée, une composition de fleurs fanées par Lilla Tabasso et une œuvre d’Antoine Brodin dialoguent dans cette partie.

du 12 février au 21 août 2022

MusVerre, 76 rue du Général-de-Gaulle, 59216 Sars-Poteries

de 11h à 18h du mardi au dimanche – fermé les lundis, le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre.

http://musverre.lenord.fr

photos : Véronique Spahis