L’incendie ravageur qui a frappé Notre-Dame, en avril 2019, a durablement marqué les esprits de tous. Figée pendant cinq ans sous d’amples bâches et des enchevêtrements d’échafaudages a n’en plus voir ses façades, la grandeur de cette Dame de Paris, sublimée sous la plume d’Hugo et rendue terrifiante par Sue, s’est retrouvée fragilisée, attaquée. Plus que le patrimoine français seul, c’est véritablement l’imaginaire collectif international qui a été subitement ébranlé. Aussi, l’effusion et la joie étaient générales lors de sa réouverture le 7 décembre dernier.
Malgré des travaux encore en cours, la fierté de voir ce monument réintégré au patrimoine mondial était partagée par tous : Parisiens, touristes, experts du patrimoine, amateurs d’art ou simples passants… À cette grande occasion, célébrant l’art, l’homme et l’histoire, La Boutique Charbonel a décidé de faire appel à deux artistes, en leur offrant totale carte blanche. Leurs œuvres, fruits de pratiques et de visions uniques, seront exposées dans la boutique située au 13, quai Montebello, en face de notre belle Dame de pierre.
Deux artistes opposés
Pour cette exposition intuitive, deux artistes ont été choisis : Corinne Lepeytre, graveuse, et Jérôme Rasto, peintre. Bien que leurs pratiques diffèrent en tout point, tant par leurs techniques que par leur esthétique, elles trouvent une résonance toute particulière et harmonieuse grâce à leur hommage commun à Notre-Dame.
A l’intérieur de la boutique, Corinne Lepeytre explore en aquatinte l’univers du patrimoine français pour capturer l’essence architecturale du monument, tel qu’on peut l’apercevoir à travers les larges baies vitrées de la boutique. Sa série intitulée « Notre-Dame sur le zinc » joue sur les reflets du matériau pour révéler des points de vue inédits de ce chef-d’œuvre. Exposées aux côtés de leurs matrices, ses impressions mettent en lumière une multitude de détails, souvent oubliés ou négligés, de cette structure emblématique.
De son côté, travaillant sur les vitres de la boutique, Jérôme Rasti puise son inspiration dans l’iconographie médiévale. À travers sa réinterprétation contemporaine des vitraux de la rosace de Notre-Dame, il élabore une grammaire de formes qui parvient à introduire des symboles modernes, accessibles à notre regard actuel, et immédiatement frappants pour le passant qui se balade sur les quais de Seine. Avec ses couleurs vives et éclatantes, il tisse un dialogue entre le passé et le présent, à l’image de la cathédrale en pleine renaissance grâce au travail des artisans d’aujourd’hui.
Une carte blanche judicieuse pour une boutique mythique
Donner carte blanche n’est ni une tâche aisée ni une pratique des plus courantes dans le milieu de la création contemporaine. Pourtant, la mythique Boutique Charbonel a su puiser dans son histoire et son engagement en faveur des artistes pour relever ce défi.
Inaugurée en 1862, cette boutique de papiers d’art et de peintures, porte encore les traces de ses anciens locaux. Véritable repère de figures légendaires telles que Lautrec, Renoir et Manet, elle a longtemps été un haut lieu de l’esprit artistique, dont l’effervescence imprègne encore les murs.
Ainsi, de par cette initiative et la réouverture de Notre-Dame, l’événement prend une triple
résonance symbolique : la célébration d’un monument iconique, l’hommage à un lieu historique et le rôle d’un acteur qui relie artistes du passé et du présent.
Alors vous, aussi, osez peindre et pour les plus frileux, venez vite faire un tour du côté du quai Montebello pour voir la manière dont la création contemporaine rend hommage à notre patrimoine !
Clara Tomašević
Charbonnel, 13 quai Montebello, 75005 Paris
Du lundi au vendredi de 11h00 à 18h30 et le Samedi de 12h00 à 18h00