« La chanson de l’éléphant » : ****
On s’étonne, on s’ébaudit devant la maturité de Xavier Dolan, devant l’intelligence et la vista dont il fait preuve dans la réalisation et surtout dans la direction d’acteurs.
Sa master class donnée au Forum des Images pour la sortie de « Mommy » permettait de rappeler que le génie canadien possède déjà une longue carrière débutée alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Il enchaîne les rôles et chaque personnage lui donne l’occasion d’approfondir son sujet.
Ce personnage trouble et troublant ne fait pas exception à la règle.
Dolan impressionne, louvoie, tournoie autour de sa proie dans un jeu de dupes qui laissera le spectateur sur les fesses, désespéré et impuissant, tout comme les deux autres protagonistes embarqués sur de fausses pistes. Les blessures de l’enfance ne se referment jamais. La plupart d’entre nous les enfouissent, les taisent, les cautérisent tant bien que mal. Les plus sensibles et les plus fragiles n’auront de cesse de les badigeonner de vitriol.
Dolan manipule ici l’art du mensonge avec une étincelle narquoise dans les yeux. Dolan en casting parfait avec sa gueule d’ange au regard brouillé de larmes doté d’un verbe coupant comme une lame de rasoir.
Ne comptez pas sur moi pour vous révéler l’issue, l’objectif que le personnage central poursuit. Vous vous laisserez berner à votre tour, laissant dans votre bouche un goût amer… les thrillers psychologiques ne sont parfois que mirage et écran de fumée. La performance d’un acteur n’a d’autre raison d’exister, non ?
Quant au réalisateur de La chanson de l’éléphant, retenez son nom : Charles Binamé. Il vient compléter la longue liste de cinéastes venus du grand nord plus talentueux les uns que les autres cette dernière décennie.
David Fargier – Vents d’Orage
Synopsis :
À la veille de Noël, la disparition soudaine du docteur Lawrence provoque une onde de choc dans l’institution psychiatrique où il exerce. Le directeur, le docteur Green, veut éviter que la nouvelle devienne publique, car l’hôpital a été récemment au centre d’un scandale. Il entreprend alors de questionner Michael, un jeune homme en traitement qui est le dernier à avoir vu le médecin. Malgré l’avertissement de l’infirmière en chef qui connaît mieux que quiconque le patient, celui-ci entraîne Green dans un jeu psychologique qui le trouble profondément.