Christian Jaccard : Etoyracorp / Lafolimericourt

Christian Jaccard : Etoyracorp / Lafolimericourt

Artiste du processus de combustion, et auteur du  » concept supranodal « , dés la fin des années 60′, Christian Jaccard invente une mise en oeuvre picturale à partir d’outils, de cordelettes nouées et de pigment qu’il fait interagir sur la surface de toiles libres.

Il s’approprie ensuite l’énergie du feu comme autre marqueur signifiant en effectuant de façon empirique ses premières explorations de brûlage : combustion lentes produisant des matières bitumeuses par des cordeaux à miner, ficelés, noués, puis par des feux jaillissants inspirés des pratiques ancestrales de l’écobuage dites cultures sur brûlis.
Issue de la combustion, les suies et les scories mettent en oeuvre des agencements carbonés sur la surface.Elles dénaturent la couleur, expriment leur empreinte et travaillent les supports (métaux, toiles, bois, papiers).

Christian Jaccard s’intéresse alors à l’évolution d’une transition picturale et singulière née de la confrontation entre le feu, noyau générateur d’énergie et de lumière et les « outilscombustibles » qu’il confectionne et dont il explore la matérialité de leur entropie.

Etoyracorp

Les cellules, Procaryotes et Eucaryotes se partagent la gestion des fonctions métaboliques.L’Eucaryote possède un noyau, le Procaryote loge son ADN dans un nucleoîde.Découvertes au microscope en 1965, les cellules sont une unité fondamentale des règnes du vivant.
Les monotypes de Christian Jaccard sont inspiré par la morphologie du Procaryote, l’empreinte combustion interprète et dessine le pourtour cellulaire, le nucléotide et un fragment de flagelle.
Les 12 monotypes* de A/L à L/L, mèche lente sur acétate (31 x 22 cm) de Christian Jaccard sont réalisés en 2018.
*Le monotype est un estampage unique obtenu par un procédé non reproductible. Le dessin combustion reconnu comme original est réalisé directement sur le support d’acétate.

Lafoliméricourt

Filmtableau, HorsLesMurs, Paris 8-9/04/2006, 2’25 », son
Le couloir de Lafoliméricourt est un passage sans encombre réputé pour sa longueur et son étroitesse. Il possède en amont une paroi lisse. En aval sont situées des trouées en forme d’embrasures d’où proviennent bruits et lumières de la vallée. Sous l’emprise d’un rêve aux souvenirs d’ascension, le pyronaute, livré aux hasards de la déambulation, part à l’assaut de cette contrée singulière. Poussé par le propre de son utopie, il s’y engage muni de ses gels thermiques et met en œuvre sur le subjectile fragile et altéré l’enchaînement des ignitions fugitives. C’est une randonnée chaude, harassante, au cours de laquelle s’inscrivent pendant deux jours le flamboiement sinueux puis l’extinction des pics de combustion grands et petits, ronds et pointus, solitaires puis regroupés par zones d’intensité dont l’émergence des reliefs, la progression des poussières et l’amplitude des ombres, bien qu’elles soient aléatoires, quelquefois cyclothymiques, n’en sont pas moins fulminantes, délitées, pulvérulentes et fragmentaires. Le rêve du pyronaute, en phase profonde, laisse apparaître quelques traces de suie aux soubresauts tranquilles ; puis soudain une phase éveillée et active s’intensifie, faisant émerger un déploiement d’images extraordinaires de lignes juxtaposées semblable à une chaîne de massifs montagneux avec crêtes, précipices et flexures au sein desquels, et durant toute la traversée du cycle ignifugeant, l’espoir des flammes renouvelées n’est à son tour qu’un rêve évanoui. Fluctuations pyrométriques des érections et des chutes, des cimes et des abîmes ; rien n’a eu lieu que la fable émanant de l’émiettement d’un songe. Rien n’a eu lieu que le fantasme lumineux d’un tableau éphémère. Lafoliméricourt est une fiction héroïque et stimulante dont le défilement pragmatique réactive les éléments constitutifs du tableau, au demeurant nomade. Celui-ci est appréhendé dans ses mesures dynamiques où le cheminement de ses croisées et la durée de ses instants s’ouvrent à l’écoulement du temps. Faire de l’usage particulier de l’ignition le moyen d’une expérience : celle de la confrontation d’une trace et de sa mémoire.

Biographie (sélection)
Christian Jaccard d’origine suisse est né en 1939 à Fontenay sous bois. Il apprend le Manuel du gabier et les feux de camps (1948). Collégien, il ramasse des fossiles, traces indéfectibles du temps (1954). Étudiant, se forme aux beaux-arts à l’école nationale de Bourges (1956-1960).S’intéresse aux déchets industriels et aux traces par empreintes : genèse de ses premiers travaux lithographiques.
Graveur chromiste dans une imprimerie typographique (1964-1975) où il explore des processus d’imprégnation liés à la confection d’outils spécifiques : Nœuds et Ligatures, Couples Toile/outil (1968-1973).
Façonne et oblitère successivement des Toiles effacées, Toiles ficelées, Toiles contrepliées, Toiles calcinées.
Professeur à l’école d’art et d’architecture (Marseille 1976).
Séjourne au Brésil invité par Franz Kracjberg (1981).
L’outil fait la peinture et les combustions génèrent de nouveaux ensembles : Anonymes calcinés, Trophées, Toiles brûlées (1977-1983).
Obtient sa licence de boutefeu (1983).
Séjourne en Italie où naît Le Rouge émis sur le site de Bellona (1984).
Met en œuvre et développe les Brûlis et le Concept supranodal (1989) au cours des décennies 1990 et 2000.
Lauréat de la villa Kujoyama, réside au Japon (1994).
Intervient ponctuellement dans les friches industrielles, chapelles et autres lieux; l’atelier nomade est une nouvelle mise en œuvre à chaque escale. Le tableau éphémère et sondéroulé sous forme de film effectués en terme d’exploration s’accomplissent au droit des parois en déshérence. L’intrigue se construit conjointement à celle du Concept supranodaldont les forces d’attraction et de répulsion ne cessent de s’exalter mutuellement.

Exposition du 1er au 30 juin 2018

Vernissage le Jeudi 31 mai à 18h30 en présence de l’artiste

i n c o g n i t o artclub 24h/24
16 rue Guénégaud
75006 Paris