L’histoire d’une vie
Pour la première fois, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente du 30 Janvier au 10 Mai 2020, la plus importante exposition jamais consacrée à la photographe et militante brésilienne : Claudia Andujar. Depuis les années 1970, l’artiste dédie sa vie à défendre et photographier ce peuple amérindien parmi les plus importants de l’Amazonie brésilienne du nom de Yanomami.
A la fin des années 70, le gouvernement brésilien décide de construire une route transamazonienne dans le sud du territoire. Cette décision va amener à une déforestation, une colonisation agricole et surtout à la destruction de beaucoup de communautés en faisant la propagation d’épidémies. C’est une claque pour l’artiste pour qui cette situation fait écho au génocide de la Seconde Guerre Mondiale dont elle à été témoin et victime. C’est cette prise de conscience qui va pousser la photographe à s’engager corps et âme dans la lutte en faveur de la défense des droits des Yanomami et de la protection de la forêt.
Ainsi avec cette exposition nous découvrons le travail de la photographe qui diffère du style documentaire classique. En effet, les photographies prises à cette période montrent le style personnel et particulier de l’artiste qui grâce à des techniques peu conventionnelles (de la vaseline sur l’objectif) parvient à travers ces images à nous transmettre une certaine surréalité. Avec les nombreux portraits en noir et blanc, elle saisit toute la noblesse et la dignité de cette communauté mais surtout leur modestie. Les différents plans serrés des corps et des visages que nous pouvons admirer, procure et instaure un sentiment d’intimité avec chaque sujets photographiés. Ce qui est également intéressant c’est la représentation de cette culture Yanomami : la figure du Chaman, les cérémonies, les fêtes etc… Pourquoi ? Parce qu’à travers ces photographies nous sentons la proximité, l’amitié et la confiance entre l’artiste et le peuple Yanomami. En effet, Claudia Andujar s’est habillée avec des vêtements d’Indiens, elle s’est liée d’amitié avec eux et c’est cette relation qui à permis à l’artiste de pouvoir photographier des accouchements, des femmes, des enfants et même des Yanomami décédés. L’engagement de la photographe ne s’arrête pas à montrer par des images ce peuple méconnu avec ses traditions et sa culture. La volonté de Claudia Andujar était d’aider les Yanomami à défendre leur peuple, leur terre, leur langue, fêtes, danses etc… Non pas par la force ou la violence mais avec la parole comme le dirait Davi Kopenawa, chaman et porte-parole des Yanomami.
La Fondation Cartier pour l’art contemporain ne s’est pas trompée en proposant cette exposition au public. La déforestation et ses conséquences sont un sujet actuel et épineux. Ainsi, il était important de le mettre en lumière pour mieux comprendre les enjeux de cette lutte universelle. Malgré une scénographie peu lumineuse avec ses murs de bétons qui contrastent avec la chaleur et la bienveillance de la nature dont nous parle l’artiste, grâce à ses photographies nous parvenons à nous immerger dans ce monde inconnu du peuple Yanomami.
L’exposition de Claudia Andujar, nous met face à un rapport d’humain à humain, rapport que nous oublions souvent dans ce monde. Elle nous met face à la différence mais aussi à l’existence et au respect d’autrui. Claudia Andujar nous fait passer ce message : chacun est libre de vivre et la nature est notre bulle d’air pur dans ce monde, alors protégeons-là et défendons ceux dont c’est la maison.
Manon Quantin
Du 30 Janvier au 10 Mai 2020
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 Boulevard Raspail, 75014 Paris
Ouvert tous les jours de 11H à 20H sauf le lundi. Nocturne le mardi jusqu’à 22H.