DéconstruKt, détruire pour recréer

C’est la toute première fois que ces 137 œuvres d’Enki Bilal sont montrées au public. Présentées sans cartel, sans indication ni contexte, ces cases deviennent de véritables petits tableaux travaillés individuellement, laissant le visiteur seul face à l’œuvre. L’occasion de laisser libre court à son imagination, confrontés à ces vibrants dessins de l’artiste Enki Bilal.

Enki Bilal n’est pas qu’un illustrateur de bandes dessinées. Regardé séparément, chaque dessin est une histoire à part entière, une œuvre unique. A chacun de laisser son propre imaginaire entrer dans le sien, composer faire le récit.

« Je détruis, je fais imploser plusieurs récits. » explique Enki Bilal au sujet de l’exposition DéconstruKt. « Les cases, une fois extraites, débarrassées de leurs mots redeviennent libres, c’est cette libération du dessin qui qui va passer par les yeux de ceux qui vont regarder et traverser l’exposition et qui vont construire leur propre vision. La déconstruction va produire matière à de multiples imaginaires. » raconte l’artiste.

Enki Bilal est né en 1951 à Belgrade. Son enfance et son arrivée en France à l’âge de 10 ans ont nourri l’univers envoûtant de ses albums, animé par de constants questionnements sur la condition humaine. « Le dessin très vite a présenté un lieu de refuge pour moi. Je devais avoir 5 ou 6 ans. »

Dans les années 70, Enki Bilal fait ses débuts dans Pilote. Son œuvre se situe en partie dans la science-fiction et aborde les thèmes du temps ou de la mémoire. Il rencontre quelques années plus tard Pierre Christin avec lequel il entretient une longue et fructueuse collaboration. En 1980, l’artiste démarre sa première série personnelle emblématique : la trilogie Nikopol. En 1987, Enki Bilal gagne le premier prix du Salon International de la Bande Dessinée à Angoulême. En 1998 parait La tétralogie du monstre suivie par de nombreux albums au fil des ans dont Bug 2 paru en 2019.

Son œuvre de science-fiction développe un univers poétique rempli d’interrogations politiques et d’obsessions existentielles, qui bouscule les codes de la bande dessinée.

Parallèlement, Bilal dessine des décors et des costumes pour le cinéma (Alain Resnais, Jean-Jacques Annaud) et l’opéra (Roméo et Juliette, O.P.A. Mia) avant de prendre la caméra à son tour, et de réaliser Bunker Palace Hotel (1989), Tykho Moon (1997) et Immortal, ad vitam (2004).

Une exposition pouvant en cacher une autre, direction la galerie Barbier qui présente, entre autres, le premier ensemble (sur trois) de sept portraits du concept Inclusive Hybrids. Ces trois ensembles, 21 peintures donc au total, proposeront une reconstruktion de l’humain par l’hybridation sociale, mécanonumérotechnologique et transhumanimale… voire plus si autres affinités augmentées et (ou) régressives.

– Du 6 juillet au 9 septembre 2021

Artcurial, 7 Rond-Point des Champs-Élysées, 75008 Paris

Du lundi au vendredi de 11h-18h (hors jours fériés et fermeture annuelle du 2 au 20 août)

– Du 9 juillet au 28 août 2021

Galerie Barbier, 10 rue Choron, 75009 Paris

Du mardi au samedi de 14 h à 19 h 30

photos : Véronique Spahis