***** Putain de cinéma canadien ! Le meilleur vient de cette froide contrée et cela dure depuis quelques années. Au même titre que Villeneuve ou Dolan, Jean-Marc Vallée laisse son empreinte film après film. Le propos est sensible, subtil, intelligent. Les sentiments les plus intimes, parfois inavoués ou inavouables à la face d’une société pas aussi moderne et libérée qu’elle le prétend. Je crois avoir dit combien le talent de Jake Gyllenhaal compte parmi les plus précieux comme ceux de Ryan Gosling ou Joaquim Phoenix.
Sous la direction de Vallée, il incarne un golden boy confronté à la mort brutale d’une épouse dont il ne savait finalement que peu de choses. Le titre fait nécessairement pensé à l’album « Disintegration » de The Cure, écrit aux mêmes âges par un Robert Smith en proie au doute et à l’effritement des sentiments qu’on croyait d’acier trempé, indestructible.
Les épreuves de la vie conduisent ici à faire table rase du passé, à détruire ce qui a conduit à l’impasse, au vide de sens. Non pour renier ce que l’on fut mais pour construire ce que l’on a envie d’être… plus qu’une envie, un besoin vital.
On pense à Robert Smith et à certains de ses pairs, David Bowie, Brian Molko et Kurt Cobain. Les 5 là ne se sont pas aimés par hasard et leurs arts comme leur quête identitaire se font écho entre eux comme dans ce chef d’œuvre de chirurgie sentimentale. Notamment au travers de ce personnage d’adolescent, magnétique et à l’aube d’un envol chaotique, certes, mais qui le mènera très loin, vers celui qu’il devra être.
Mes mots ne sauraient rendre grâce à la beauté de ce film. Vous y découvrirez, entre autres symboles, ce que la pilosité masculine dit de l’époque et des personnages qui tentent d’y faire chemin. Le montage en flashbacks courts pour courir vers autre chose, ailleurs, autrement, allié à une bande son sélectionnée avec acuité, vous diront le reste. C’est tout le mal que je vous souhaite.
PS : on dit que les hommes qui bougent bien et savent danser sont de bons amants… mesdames, ce Jake-là doit être un 8ème dan en la matière !
David Fargier aka Vents d’Orage