Pour sa réouverture, le Musée Jacquemart André présente une quarantaine de chefs-d’œuvre de la célèbre Galerie Borghèse à Rome. Du 6 septembre au 15 janvier, le visiteur pourra admirer des tableaux des plus grands peintres italiens, rarement prêtés.
C’est grâce au puissant cardinal Scipion Borghèse (1577-1633) et à sa vision ambitieuse que la Villa Borghèse voit naître le jour. Scipion Caffarelli-Borghèse, fin amateur d’art, est entré dans l’Histoire comme l’exemple du grand collectionneur. Neveu de Camille Borghèse, élu pape en 1605, il transforme la villa Pinciana en écrin conçu comme un véritable musée avant l’heure. En tant que nipote -neveu- du pape, il bénéficie de conditions exceptionnelles pour mener à bien son ambitieux projet. S’il puise dans sa richesse personnelle pour acquérir des peintures et des sculptures, ses méthodes d’acquisition sont parfois douteuses. La saisie en 1607 ordonnée par son oncle le pape Paul V (sous prétexte de détention illégale d’armes) de plus de cent œuvres de la collection du cavalier d’Arpin en est un exemple. C’est d’ailleurs à cette occasion que l’éblouissant Garçon à la corbeille de fruits de Caravage (vers 1596) arrive entre les mains de Scipion. Mais Scipione est aussi un mécène avisé, découvreur de talents tels que Bernin, Caravage, Dominiquin, Reni ou encore Rubens.
La première salle de l’exposition rend hommage à l’esprit libre du cardinal tout en reflétant la richesse des œuvres-d’art qu’il a collectées. Cette exposition est une première exceptionnelle où s’invitent des trésors nationaux signés des plus grands noms de l’art italien : Caravage, Bernin, Botticcelli, Raphael, Carache, pour ne citer qu’eux.
Entre la Renaissance déclinée en différentes écoles régionales (école vénitienne, école toscane, et lombarde), et vagues esthétiques marquantes (maniérisme et baroque), l’exposition reflète deux siècles de création exceptionnelle et sans pareille qui ont marqué l’art européen pour deux siècles. On s’arrête devant la Dame à la licorne de Raphaël (vers 1506), la Vénus bandant les yeux de l’Amour du Titien (vers 1565), le Portrait au sourire ironique d’Antonello da Messina (vers 1476), ou encore les sublimes Sybille du Dominiquin (1617) et Leda de Ghirlandaio ( vers 1565-1570).
Si on a eu la chance de visiter une fois le parc du Pincio et la villa Borghese, on peut mieux s’imaginer les œuvres de cette galerie à l’envergure artistique unique au monde, véritable œuvre d’art totale avant la lettre, un montage d’espaces et de temporalités, dans lesquels sculpture et peinture se répondent mutuellement pour “meravigliare” (émerveiller) les spectateurs et leur faire vivre une expérience esthétique proche du mystique.
Perrine Decker
Du 6 septembre 2024 au 15 janvier 2025
Musée Jacquemart-André, 58 boulevard Hausmann, 75008 Paris
Du lundi au jeudi de 10h à 18h, le vendredi de 10h à 22h et de 10h à 19h, et le samedi et dimanche de 10h à 19h
Réservations : https://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/tickets/6630e5cdc34bd9ab1ae90f5b