Déshabillez-Moi
Cette exposition des costumes de la pop et de la chanson a pu voir le jour grâce à des collections privées et à l’important stock du CNCS. L’idée était de montrer comment les artistes se sont appropriés des éléments vestimentaires, qui sont devenus leur symbole. Ils ont ainsi construit leur légende, comme Renaud, avec son perfecto, Claude François avec ses vestes pailletées, Johnny Hallyday et sa prédilection pour le cuir, Maurice Chevalier et son canotier, Michel Polnareff et ses lunettes blanches, Joséphine Baker et sa ceinture de banane…
L’objet vestimentaire entretient le mythe et devient un objectif de désir pour le public. Claude François était adepte du genre, puisqu’en fin de spectacle, il avait pour habitude de jeter sa chemise à son auditoire. Dans l’une des salles, une vidéo montre l’artiste et ses fans qui s’arrachent une relique.
Le musée, nous montre comment les objets fétiches des vedettes, deviennent une fin en soi et participent au culte. Le costume contribue pleinement à la sacralisation du chanteur. Les fans, en reprenant le style de leur idole, démontrent leur adhésion. Les grands couturiers, l’ont bien compris et exultent à créer pour les stars, des tenues de scène, uniques qui les propulseront eux aussi, sur le devant des planches, tel Jean Paul Gaultier avec Arielle Dombasle, Lady Gaga, Madona, Sheila, Yvette Horner ou encore Yves Saint Laurent pour Etienne Daho, Sylvie Vartan et bien sûr Christian Lacroix, reconnu pour ses costumes d’opéra.
L’exposition met en évidence, comment un style de musique s’accorde avec un look précis. Les débuts du rock sont associés aux mauvais garçons, en blousons de cuir. De fait la couleur du rock, est par essence le noir, illustré par les figures de proue : Johnny Hallyday, Alain Bashung, Renaud, Dick Rivers… Mais le noir, c’est aussi le chic, le raffiné et pour de nombreuses chanteuses, c’est leur couleur fétiche, telles Edith Piaf avec sa petite robe noire, Juliette Greco et Barbara qui commentera d’ailleurs « C’est une couleur sublime. Le noir c’est naturel, c’est élégant, joyeux à porter. Chanter en noir, pour moi, c’est annuler le corps. »
Pourtant les stars jouent de leur corps et n’ont de cesse de l’érotiser : Iggy Pop chantant torse nu, ou Joséphine Baker dansant seins nus… Certains, comme Polnareff, iront plus loin dans la provocation. En 1972, il défraye la chronique en affichant ses ravissantes fesses, nues, ce qui lui vaudra d’être condamné pour attentat à la pudeur. Mais la suggestion de la nudité, reste ce qu’il y a de plus sexy et « l’art de se vêtir n’a d’égal que celui de se dévêtir ». De nombreux artistes l’ont compris et mettent en scène leur corps. Leurs costumes laissent deviner leur nudité, leurs corps deviennent fantasme et objet de toute convoitise. Les tenues de scènes de Katerine Gierak, la chanteuse du groupe rock « Mademoiselle K » illustrent parfaitement le style rock sexy.
Matthieu Chedid connu sous le nom d’artiste, M, sait parfaitement jouer avec son image pour ensorceler son public, avec des tenues de scènes inédites. Le CNCS, utilise d’ailleurs pour l’affiche de l’exposition « déshabillez-moi », une photo de l’interprète avec sa célèbre perruque, devenue sa marque de fabrique. Deux salles, lui sont consacrées, avec une estrade où chacun peut se mettre en scène et prendre la pause, en jouant avec un micro et une guitare.
Barbara Ates Villaudy
jusqu’au 5 mars 2017
Centre National du Costume de Scène
Quartier Villars, route de Montilly, 03000 Moulins
Du lundi au dimanche inclus de 10h à 18h
Crédit photos : Jean Marc Tessonnier, Florent Giffard, Barbara Ates