« Les Elles du Désir » : ou l’amitié tuée dans l’œuf

« Les Elles du Désir » : ou l’amitié tuée dans l’œuf

La Culture avec un grand C, dans notre beau pays, ne se vautre pas seulement dans le faste du Châtelet. Non, les riches tentures rouges et l’or des moulures XVIIIème peuvent aussi accueillir des pièces insipides et des mises en scène convenues. Alors comment choisir ? Vers quelles créations s’aventurer pour retrouver le souffle de la création artistique, ce vent nouveau et frais que l’on attend avec impatience tel un enfant rêvant de fêtes foraines ? Parfois, qui sait, en suivant les pas des chroniqueurs. Car c’est bien là notre rôle de passeur, à l’affut d’un ton différent, d’un thème rebattu mille fois mais qui, par on ne sait quelle grâce, se trouve éclairé d’un prisme nouveau.

Le dossier de presse me parlait d’une comédie à l’italienne. « Les Elles du Désir » en adoptent effectivement les codes. L’affiche au graphisme de bande dessinée laisse croire à une histoire girly, trois amies de longue date s’adonnant à leurs jeux favoris de la pique, de la critique vestimentaire ou bien encore du « un jour, mon prince viendra ». Tels trois automates, trois personnages croient se connaître par cœur, imaginent que leur amitié indéfectible ne saurait être menacée. Mais on découvre bientôt une toute autre réalité. Les banalités échangées au quotidien masquent l’indicible, l’inavouable. Ce désir d’ailleurs qui fait exploser en vol les certitudes d’un parcours tracé d’avance.

Il est de ces moments charnières où le désir trop longtemps étouffé, d’avoir un enfant, de dire au monde qui l’on est vraiment, de vivre une passion au grand jour, prend le dessus. Et qu’importe les dommages collatéraux, qu’importe l’amitié ou les convenances sociales. L’écriture de la pièce devient plus incisive. Les visages jusqu’alors enjoués se crispent et le ton moqueur se fait grave. L’atmosphère bascule vers la tragédie grecque où les aveux emportent tout sur leur passage. Trois comédiennes mettent tout leur cœur à l’ouvrage pour dire que l’âme a ses tourments, que la noblesse de cœur côtoie en chacun de nous un égoïsme nécessaire à notre survie. Des comédiennes dont on devine que leurs failles personnelles, intimes, nourrissent la justesse du propos.

« Les Elles du Désir » font s’envoler le spectateur vers la chaleur du soleil. Mais à s’approcher de trop près, on se brûle les plumes et on verse des larmes de cire.

 

Le pitch : Entre humour et cruauté, trois amies de longues dates se confrontent aux effets pervers de leurs désirs mal assumés…

Léa, trente-sept ans, traine dans son salon sa fatigue et son baby blues. Son bébé âgé de trois mois l’empêche de dormir et de rassembler ses idées, elle d’habitude si ouverte et encline à écouter les autres. Ce n’est pas de chance pour ses deux meilleures amies, Marie et Coralie qui vont, tour à tour, faire irruption dans son salon et déballer leurs problèmes de cœur.

Les tensions qui résonnaient depuis trop longtemps dans les esprits de ces deux dernières vont grandir à mesure que la journée passe et les conflits d’autrefois vont refaire surface, tournant au règlement de comptes et rendant l’atmosphère irrespirable. De vérités assénées en confidences mal assumées, les trois amies mettront en péril leur lien affectif pourtant si précieux et qu’elles croyaient indéfectible…

Tour à tour, drôles dans leur détresse, émouvantes dans leur fragilité, déroutante parfois par la violence de leurs réactions, ces trois jeunes femmes, bien ancrées dans leur époque, nous livrent sans filtre leur désir d’exister et leurs cruciaux choix de vie.

 

Auteur : Séverine Hinschberger
Avec : Amandine Rousseau, Leïlou Bellisa, Séverine Hinschberger
Mise en scène : Leïlou Bellisa

Teaser : https://youtu.be/0QIWPfptJ04

 

Calendrier des représentations :

Les lundis à 21 heures jusqu’au 24 avril 2017

Théâtre Darius Milhaud
80, allée Darius Milhaud
75019 Paris

David Fargier – Vents d’Orage