Un dessinateur inconnu nommé Bacon
Comme pas mal de mes congénères, en vacances, ce que j’aime, c’est faire le tour des galeries et des musées (on a ses faiblesses). Cet été de passage à Valencia (Espagne), crispé sur le volant de ma voiture de location, un œil sur le GPS, l’autre sur la route, mon regard accroche un Kakémono suspendu sur la façade d’un bâtiment 19e : « Francis Bacon – La questio del dibuix » (Françis Bacon la question du dessin, en valencien dans le texte). Exposition organisée par la fondation Bancaixa.
Des dessins de Françis Bacon à Valence… IMPOSSIBLE…
En effet Bacon dans une interview menée par le journaliste et critique britannique David Sylvester dans les années 60, affirmait qu’il n’avait jamais fait de dessins ou d’esquisses préparatoires pour ses peintures. Alors dessins, pas dessins ?
Quiproquo… Début 90, Cristiano Lovatelli Ravarino, journaliste italo-américain et compagnon de Bacon sort de son carton à dessin plus de 600 dessins que l’artiste lui a confié. Houla ! levée de bouclier des héritiers qui crient à la supercherie et accusent le journaliste de faussaire. La procédure pénale débute en 1997 et se terminée en 2004.
Une cour italienne conclu à l’authenticité des dessins. Fin de la polémique.
Les 50 dessins accroché au quatrième étage du centre culturel de Bancaja à Valence ne sont pas des dessins préparatoires mais bien des dessins en tant que tel. Ils reflètent les grandes obsessions de l’artiste : la peinture du pape innocent X par Velasquez, la crucifixion auxquelles s’ajoutent des auto-portraits et des portraits de son amant.
Dès l’entrée dans l’expo, ce qui étonne c’est la taille des dessins, je dirais double raisin ou grand aigle (je n’ai pas eu le temps de sortir mon mètre, le gardien m’a repéré) disons 1 m x 70 cm… et la technique : des dessins polychromes, crayon, cire et collages. Presque tous des portraits (sauf jésus, est-ce bien lui, crucifié en petit gros) où les visages torturés sont comme serrés par une main invisible qui voudrait comme faire jaillir par leur bouche ouverte les cris que chacun gardent en eux.
Du Bacon à dévorer sans modération avec l’espoir que cette exposition passe un jour par la France.
Eric Turlot