L’affaire Dreyfus, un des plus grands débats judiciaires du XIXème, maintes fois commentée et discutée. Connaît-on réellement le côté de la victime, ses pensées, ses angoisses? Seule-en-scène et metteur en scène, Pierrette Dupoyet répond à ces questions en jouant Alfred Dreyfus pendant une heure dix.
Tout commence lors de la condamnation d’Alfred Dreyfus, jugé pour haute trahison après avoir été accusé d’espionnage après avoir envoyé des lettres à l’Allemagne, alors ennemie de la France.
En 1895, devant 25000 personnes, Alfred Dreyfus est humilié dans la cour d’honneur de l’École Militaire. On lui enlève son épée et son titre de capitaine. Lors de son procès, il est condamné à l’exil à perpétuité et est envoyé sur l’île du Diable à Cayenne.
Grâce à Émile Zola et son célèbre article de journal « J’accuse » dans l’Aurore, ou encore Jean Jaurès, Anatole France, Georges Clemenceau, et tant d’autres, les dreyfusards arrivent à se faire entendre pour une justice vraie. En 1899, Dreyfus quitte l’exil et rentre à Rennes pour son nouveau procès, où il est reconnu coupable. Il sera finalement gracié, et reprendra alors son activité militaire.
Alfred Dreyfus, joué par Pierrette Dupoyet, témoigne, comme dans un journal intime, de sa vie en prison. Effectivement, des textes du XIXème sont repris et lus par l’actrice, notamment son carnet qu’il tenait à l’île du Diable.
La pièce de théâtre illustre le point de vue de la victime, apportant un éclairage très intéressant et inédit. Tous les grands événements de cette affaire sont racontés par Alfred Dreyfus.
Grâce à l’interprétation poignante de Pierrette Dupoyet, l’intensité de ses gestes, de son regard et de ses mots, le public ne peut être que saisi et subjugué. La tension et les discordes de cette affaire se répandent dès les premières secondes dans la salle.
L’austérité des décors renforce le sentiment de tension, avec une grande simplicité. Un des grands symboles de cette affaire, l’article de journal d’Émile Zola « J’accuse » s’impose au centre de la scène.
Une bande son créée par Jean-Marie Bourdat, voix grave et envoutante, nous transporte tout au long de la pièce, avec une musique entrainante et stimulante.
Cette pièce met en lumière la fragilité des droits de l’Homme, confrontée aux possibles erreurs judiciaires, un sujet souvent d’actualité dans les affaires actuelles. Accessible à un jeune public, Pierrette Dupoyet souhaite ainsi interpeller la jeune génération.
Alors, n’attendons pas, allons enfin voir cette pièce d’une grande humanité, les dimanches 13, 20 et 27 juin à 14h30 au théâtre de la Contrescarpe.
Inès Degommier
Photos : Pierrette Dupoyet
Les dimanches 13, 20 et 27 juin 2021 à 14h30.
Théâtre de la Contrescarpe, 5 rue Blainville, 75005, Paris