Edi Dubien – S’éclairer sans fin

« C’est contre l’obscurantisme. La lumière c’est la vie. Il faut toujours éclairer, soi-même, les autres, le monde autour de nous. » : c’est l’artiste Édi Dubien qui nous conseille cette philosophie avec son exposition S’éclairer sans fin.

Pour 2025 le musée de la chasse et de la nature propose à ses visiteurs cette installation magnifique entièrement immergée dans sa collection permanente signée Édi Dubien. L’exposition, quasiment inédite, présente peintures, sculptures, installations ainsi que plus de 200 dessins, qui se déploient dans tout l’espace. S’éclairer sans fin propose au visiteur une introspection avec un regard aussi tendre que subversif sur l’humain et le naturel.

Ses œuvres témoignent d’une grande sensibilité et innocence – il joue avec les codes et les conventions en prêtant aux animaux les objets triviaux avec lesquels l’humain se déguise. Dans la légèreté de son art il enlumine principalement ce qu’il y a de plus précieux, magique et fragile, l’enfance et l’animal.

La seule pièce dédiée entièrement à l’œuvre d’Edi Dubien est la première et elle nous offre près de 200 de ses dessins affichés comme une fenêtre ouverte sur l’artiste. On y trouve beaucoup d’autoportraits de l’artiste jeune homme souvent réalisés en mélangeant dessin et peinture. Edi Dubien mêle l’animal à l’enfant en faisant usage du crayon, plutôt brut et en y mêlant la couleur brillamment. Il faudrait des heures pour se pencher et contempler chaque œuvre de la pièce pour comprendre qui est l’artiste et ce qu’il essaye de nous dire avec ce travail. Devant ses dessins, une barque qui transporte un homme et des animaux nous propulse dans l’univers magique proposé par l’artiste.

Dans la suite du musée on retrouve des statues et installations qui témoignent de la sensibilité et de l’humour de l’artiste. Nous avons particulièrement remarqué ses installations sur animaux empaillés où il joue avec les codes de l’humanité et donne à ses animaux une tendresse et une vulnérabilité touchante. Le sanglier se retrouve vêtu d’un tutu de danse rose et le gigantesque ours se voit offrir un bouquet de roses. Avec une pointe d’humour évidente il leur confère une attitude si tendre et fragile que le spectateur est forcé de réfléchir à son propre regard sur l’animal et le naturel.

On retrouve aussi dans le parcours du musée des statues, une galerie royale de portraits d’animaux réalisée par l’artiste ainsi que des objets décorés d’éléments naturels tel qu’un lustre. En clair, cette exposition se fond parfaitement dans la collection permanente de ce lieu magnifique grâce au travail remarquable de Rémy Provendier-Commenne, responsable des collections et commissaire d’exposition au musée de la chasse et de la nature. Le travail d’Édi Dubien vient remettre en cause des codes et mettre en lumière une fragilité humaine dans un lieu où l’on célèbre habituellement la domination de l’Homme sur le naturel. Il joue avec les conventions, maquille les animaux et fait pleurer les garçons des lapins pour le plus grand bien de nos yeux et de notre esprit.

Pour résumer, It Art Bag vous conseille vivement d’aller voir cette magnifique exposition non seulement pour y découvrir et profiter du travail d’Edi Dubien mais aussi simplement pour admirer ce magnifique lieu en plein cœur de Paris.

Laetizia Pietrini

Du 10 décembre 2024 au 4 mai 2025

Musée de la chasse et de la nature, 62 Rue des Archives, 75003 Paris
Du mardi au dimanche de 11h à 18h – Nocturne le mercredi jusque 21h 30 – Fermé les lundis et les jours fériés